Une alerte médicale a été déclarée vendredi dernier à Portland, métropole de l’État de l’Oregon, où une vingtaine de cas de rougeole avaient été identifiés depuis deux semaines — presque tous chez des gens qui n’ont jamais été vaccinés. Et ce, dans une ville qui, à l’échelle des États-Unis, fait partie d’une poignée où la résistance à la vaccination est la plus élevée.
Mardi matin, le nombre de cas atteignait officiellement les 23, dont 20 non vaccinés et trois pour qui « l’historique de vaccination » n’avait pas pu être vérifié. Dix-huit des patients avaient moins de 10 ans. Et les autorités locales s’attendaient à ce que ce nombre continue d’augmenter: la période dite « d’incubation » du virus est en moyenne de deux semaines, et il peut se propager à d’autres personnes pendant quatre jours avant que des démangeaisons ne le rendent visible.
Si les cas actuellement recensés ne sont, médicalement, pas alarmants — en date du 22 janvier, un seul cas avait nécessité une hospitalisation, selon les autorités du comté — sa résurgence n’en suscite pas moins des interrogations. D’une part, parce que la rougeole est l’une des maladies les plus contagieuses qui soient: par conséquent, moins il y a de gens vaccinés dans une communauté, et plus le virus trouve des « hôtes » favorables pour se répandre. D’autre part, parce que dans une minorité de cas, cette maladie respiratoire peut être mortelle: plus il y a de gens atteints et plus le risque de décès augmente.
Or, dans le cas de Portland, contrairement à des épisodes précédents de rougeole où les cas identifiés appartenaient surtout à un petit groupe — une école en Californie, une communauté somalienne au Minnesota, une secte au Québec — les 23 cas ont été observés en différents endroits. Le premier recensé est passé par l’aéroport international le 7 janvier ; un autre, le 11 janvier, a assisté au match de l’équipe locale de basketball.
Le comté de Clark, dont fait partie Portland, recense 7,9% d’enfants qui, pour l’année scolaire 2017-2018, avaient obtenu une « exemption » de vaccination avant leur entrée à la garderie — contre environ 2% à l’échelle des États-Unis, selon le Centre de contrôle des maladies (CDC). Une minorité d’entre eux ont obtenu une exemption médicale, ce qui veut dire que la majorité a plutôt invoqué des raisons religieuses ou « philosophiques ». Ce haut taux a déjà valu à Portland et à Seattle, deux villes américaines sur la côte du Pacifique, d’être cataloguées parmi les « points chauds » d’une éventuelle épidémie par le pédiatre Peter J. Hotez, du Collège Baylor de médecine à Houston. Selon le CDC, le vaccin est efficace dans 97 % des cas.
En 2000, le CDC avait officiellement déclaré la rougeole « éliminée » des États-Unis, parce que plus d’une année s’était écoulée sans un seul cas de transmission. Les événements subséquents ont confirmé que cette évaluation était trop optimiste. En 2015, une femme de l’État de Washington — également sur la côte du Pacifique — est morte d’une pneumonie après avoir contracté la rougeole. C’était le premier décès attribué à ce virus aux États-Unis depuis 2003.
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