Après les succès remportés à l’échelle mondiale dans la bataille contre la malaria, cette tendance positive a perdu son erre d’aller aux alentours de 2015 – à l’exception du Zanzibar, en Afrique de l’Est, où la maladie est notoirement rare.
Dans une nouvelle étude publiée dans BMC Medicine, des chercheurs du Karolinska Institutet, en Suède, expliquent la raison derrière ce ralentissement et démontrent que de nouvelles stratégies sont nécessaires pour éradiquer la maladie. L’un des problèmes est le changement comportemental des moustiques et la sélection chez les parasites.
Selon le professeur Anders Björkman, du département de microbiologie et de la biologie des tumeurs et des cellules, les années suivant l’arrivée du nouveau millénaire furent catastrophiques en ce qui concerne la dissémination de la malaria. Cette éclosion a entraîné la mise sur pied d’une initiative mondiale qui a mené au développement de nouveaux genres de médicaments et de la distribution généralisée de filets anti-moustiques et d’aérosols anti-moustiques. En bout de ligne, l’ampleur de la maladie avait diminuée d’environ de moitié en date de 2015.
« Mais après cela, le déclin a ralenti, excepté au Zanzibar, où les gestes posés en faveur de son 1,4 million de citoyens a mené à un déclin approchant les 96%. Nous avons optimisés ces mesures et pouvons maintenant expliquer pourquoi la malaria n’a pas été entièrement éliminée », mentionne M. Björkman, qui gère le projet depuis 18 ans.
L’étude révèle d’abord que le comportement des moustiques a changé; ceux-ci piquent maintenant à l’extérieur, plutôt qu’à l’intérieur, où les filets empêchent les insectes de répandre la maladie. Les insectes ont également développé une forme de résistance aux pesticides modernes. De plus, un processus de sélection s’est opéré chez le parasite pathogène; la forme qui survit est plus difficile à détecter, mais permet toujours de répandre la maladie. Les chercheurs gardent ainsi un oeil sur environ 100 000 habitants de deux districts du Zanzibar depuis 2002.
« Les moustiques et les parasites ont trouvé de nouvelles méthodes pour échapper aux mesures de contrôle », soutient le professeur Björkman. « Nous devons développer de nouvelles stratégies pour surmonter cet obstacle si nous voulons en finir avec la maladie au Zanzibar, ce qui pourrait alors servir de modèle pour l’ensemble du continent. »
Ce qui a surpris les chercheurs, c’est l’important déclin de la mortalité infantile au Zanzibar, où la lutte contre la malaria a permis de réduire la mortalité infantile de plus de 70%. Il était précédemment estimé que seules 20% des morts d’enfants en Afrique étaient dûes à la malaria; les scientifiques estiment maintenant que la raison de cette baisse importante est que la maladie entraîne un impact plus important et plus chronique que prévu sur la santé des bébés, ce qui réduit leur résistance à d’autres maladies lorsqu’ils sont encore jeunes.
« La malaria est toujours le principal obstacle à une enfance en santé en Afrique », mentionne le professeur Björkman. « Si vous demandez aujourd’hui à des femmes africaines ce qu’elles craignent le plus, elle vous répondront qu’elles ont peur que la malaria affecte leur grossesse et leur enfant. La communauté internationale doit poursuivre la lutte pour améliorer ses stratégies de lutte et de contrôle. Si cela se produit, je crois que nous pourrons atteindre l’objectif ultime, soit l’élimination de la maladie. »
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