Sous la présidence de Manuel López Obrador, le nouveau gouvernement du Mexique mènera l’enquête sur la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa de la ville d’Iguala dans l’État de Guerrero du 26 au 27 septembre 2014 différemment du précédent gouvernement, accusé de violations des droits de la personne à cause de l’usage de la torture, rapporte El País le 20 janvier.
À l’aide de la figure du «collaborateur efficace», le nouveau gouvernement a annoncé la mise sur pied d’une commission de vérité le 15 septembre, impliquant les suspects emprisonnés lors de perquisitions sous la précédente administration. «Nous concevrons et mettrons en place une politique d’incitation pour les personnes qui détiennent de l’information sur le cas d’Ayotzinapa, incluant celles qui sont actuellement privées de liberté», a explicité le sous-secrétaire des droits de la personne de la commission de vérité, Alejandro Encinas.
Au lieu de recourir à la torture, la commission de vérité va élaborer un plan de bénéfices en échange d’information afin d’inciter les personnes qui ont peur des représailles à se confier sans crainte. «Quel type d’incitations pouvons-nous leur offrir afin qu’ils osent faire des déclarations? Ici, nous devons faire appel à notre propre créativité», a affirmé le secrétaire technique de la commission, Félix Santana. «L’objectif est d’obtenir de l’information de qualité», poursuit-il.
L’avocat en droit pénal, Gabriel Regino, a signalé que le «collaborateur efficace» existe dans le Code pénal sous le nom de «critère d’opportunité». La législation n’établit pas des bénéfices comme la réduction des peines de prison, mais peut accorder la libération à une personne détenue. «Le collaborateur ne peut donner une version imaginée des faits, elle doit être corroborée et vérifiée avant de recevoir les bénéfices», explique l’avocat.
Si la figure n’a pas été appliquée auparavant, c’est parce que le Procureur général de la République (PGR) responsable de l’enquête ne connaissait pas le droit pénal, d’après l’avocat.
Mauvaise volonté
«La version du PGR propose le bûcher de Cocula comme point final du cas. Mais, les faits ne se sont pas arrêtés là», a affirmé le médecin, docteur en psychologie et enquêteur sur les violations des droits de l’homme en Amérique latine, Carlos Martín Beristain lors d’une entrevue à El País, le 26 septembre 2016.
Quand le PGR a rendu publiques les conclusions de l’enquête, selon lesquelles les 43 étudiants ont été assassinés et incinérés dans une décharge dans le village de Cocula par des délinquants du groupe Guerreros Unidos, la méfiance des gens concernés envers les autorités s’est amplifiée.
Au sujet de la commission de vérité, l’ex-porte-parole du PGR, Eduardo Zerón a rétorqué qu’il n’était pas nécessaire de l’appliquer. Pendant les quatre années que l’enquête a duré, les témoins leur ont donné leur version des faits, sans plus.
Au sud comme au nord, l’accentuation de la violence sur le territoire mexicain ne favorise pas la résolution d’enquêtes, même si le cas implique la disparition de 43 adultes.
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