Ceux qui s’opposent « le plus » aux OGM seraient ceux qui en connaissent « le moins »: cette conclusion d’une recherche a eu un bon accueil sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Mais les chercheurs vont plus loin avec cette conclusion que ce que leurs données leur permettent vraiment de conclure.
Qu’il y ait une corrélation entre le fait d’en savoir peu sur les OGM — ou sur le climat, ou sur les vaccins — et le fait d’y être opposé ou d’en avoir peur, n’est pas contesté: c’est ce que les psychologues appellent l’effet Dunning-Kruger, abondamment documenté. Mais c’est d’avoir sauté aux extrêmes (« le plus » et « le moins ») qui est ici contesté.
Le premier problème de cette étude, parue le 14 janvier dans Nature Human Behaviour, est qu’elle repose en bonne partie sur des auto-évaluations: on a demandé aux participants de juger eux-mêmes, sur une échelle de 0 à 9, leur niveau d’opposition aux OGM puis leur niveau de confiance à l’égard de leurs connaissances sur les OGM. La seule évaluation objective provient d’un questionnaire standard sur la culture scientifique, composé de 15 vrais ou faux, mais — c’est le deuxième problème — seulement cinq de ces questions portaient sur la génétique (par exemple, « les tomates ordinaires n’ont pas de gènes, alors que les tomates génétiquement modifiées en ont, vrai ou faux? »). Le matériel pour évaluer le niveau réel de connaissances des participants est donc très maigre.
Avec ces données, il est exact que les résultats montrent que ceux qui en savent « le moins » ressortent plus fort chez ceux qui sont « le plus » opposés aux OGM. Mais ils ressortent également plus fort chez ceux qui sont « neutres » face aux OGM. Autrement dit, le titre de l’étude aurait pu être « Ceux qui sont neutres face aux OGM sont parmi ceux qui en connaissent le moins ». Ce qui n’aurait pas été faux, mais aurait été beaucoup moins accrocheur.
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