S’inspirant d’un authentique fait divers, Les bijoux de la Bégum, le premier tome de la série Atom Agency, nous transporte dans la France d’après-guerre pour une enquête policière délicieusement rétro.
Paris, été 1949. Atom Vercorian, le fils du commissaire de police, rêve de devenir un grand détective et de prouver à son père qu’il est capable de traquer davantage que des cocus, mais pour le moment, son agence est surtout à la recherche de clients. Quand un groupe d’audacieux gangsters embusque en plein jour la Cadillac de l’Aga Khan, l’homme le plus riche de l’époque, et dérobe les bijoux de la Bégum (son épouse), les autorités disposent de très peu d’indices, mais dans l’espoir de faire avancer l’enquête, la compagnie d’assurance offre une prime de 20 millions de francs pour la restitution des joyaux. Sautant sur l’occasion, Atom mettra à profit ses contacts au sein de la communauté arménienne pour tenter de résoudre l’affaire, et utiliser l’argent de la récompense pour financer son agence privée.
Estimés à plus de 200 millions de francs, le cambriolage des bijoux de la Bégum a défrayé la manchette en 1949, puisqu’en plus d’impliquer des personnalités bien connues du grand public, il s’agissait du plus gros vol jamais commis à l’époque, et après Les bijoux de la Castafiore, c’est au tour d’Atom Agency de broder sa fiction autour de ce célèbre fait divers. Puisqu’il s’agit du premier tome d’une nouvelle série, une bonne partie du récit est consacrée à introduire les personnages, et truffée d’argot parisien et de truands caricaturaux, l’enquête multiplie les clichés, mais la bande dessinée se démarque en plongeant le lecteur dans la culture de la diaspora arménienne du temps à travers son héros, Atom Vercorian, détective en herbe et cousin d’un chanteur débutant nommé Chahnouk Aznavourian.
Ce n’est pas la première fois que le scénariste Yann collabore avec Olivier Schwartz, et cet adepte de la ligne claire ne se contente pas de reproduire l’exubérance et l’atmosphère survoltée de la France d’après-guerre dans Atom Agency, il le fait dans un style graphique qui s’inscrit directement dans la lignée des classiques de la bande dessinée franco-belge, et la facture des Bijoux de la Bégum rappelle un Blake et Mortimer ou un Gil Jourdan des années 1960. Dans chaque case, l’artiste reproduit méticuleusement les affiches de cinéma, les réclames de Martini ou de Cinzano, les devantures des magasins, les plaques d’immatriculation, les graffitis sur les murs, et mille autres détails qui rendent ses illustrations fourmillantes de vie, et la coloration, signée Hubert, met bien en valeur ses dessins rétro.
Atom Agency possède tous les ingrédients des grands classiques de la bande dessinée franco-belge, et avec une telle entrée en matière, on a bien hâte de lire les prochaines enquêtes de cette agence pas comme les autres.
Atom Agency – Les bijoux de la Bégum, de Yann & Schwartz. Publié aux Éditions Dupuis, 56 pages.
Petit panier aux amandes: donner sa langue au Chat (du Rabbin)
2 commentaires
Pingback: Critique Atom Agency - Patrick Robert
Pingback: Hubert Reeves nous explique la forêt: allons au bois!