Larguez les amarres, mille sabords! Les apprentis pirates auront fort à faire dans Atlas, un jeu massivement multijoueurs en ligne proposant de combiner des mécaniques de création d’objets, de survie et de navigation sur les sept mers. Pour y parvenir, toutefois, il faudra surmonter bien des frustrations.
Tout est lent, l’interface provoque une certaine confusion, mon personnage semble mourir de soif et de faim à vitesse grand V, et un tutoriel beaucoup trop ambitieux occupe la moitié de l’écran. Bienvenue dans Atlas, la plus récente création de Grapeshot Games et d’Instinct Games, également responsables d’ARK: Survival Evolved.
Bien entendu, personne n’a jamais moussé un survival MMO en évoquant les premières heures de jeu. Il a toujours été question d’exploration, de découverte, d’action, de danger… Pas de frapper un arbre à mains nues en espérant acquérir suffisamment de points d’expérience pour éventuellement monter de niveau et apprendre comment bâtir un feu de bois. En ce sens, Atlas cherche à en mettre plein la vue. Sea of Thieves avait précédemment tenté le coup, mais l’univers des pirates et de l’exploration maritime avait jusqu’à maintenant été relativement peu exploré dans un marché submergé de produits parlant plutôt d’univers post-apocalyptiques, ou encore de mondes fantastiques tenant davantage de l’époque médiévale que des 17 et 18e siècles.
Il faut d’ailleurs le souligner: plus que Miscreated, plus que The Forest, DayZ et ô combien d’autres jeux du genre – probablement même plus qu’ARK, même si ce jeu permet d’élever et de chevaucher des dinosaures –, Atlas donne envie de s’y plonger, de créer son propre royaume pirate, de monter à l’abordage d’un navire ennemi, ou encore d’explorer de sombres cavernes, le tricorne bien enfoncé sur la tête, le tout sabre au clair.
Le problème, justement, c’est qu’il s’agit d’un jeu de « survie ». La pierre d’achoppement n’est pas nouvelle, mais qui a pu un jour penser qu’il était nécessaire de constamment devoir surveiller des jauges représentant la faim et la soif? Qui a estimé qu’il était normal de faire courir les joueurs comme des poulets sans tête, à la recherche de baies comestibles ou d’un plan d’eau potable? Et qui a jugé qu’il était intéressant, voire agréable de contraindre les nouveaux joueurs à consacrer plusieurs heures à développer des talents de base? Nous sommes à l’ère des pirates, après tout; les nouveaux arrivants devraient être en mesure de s’habiller et de faire du feu sans passer une heure à frapper des palmiers.
Lancé en accès (très) anticipé, Atlas est particulièrement mal optimisé, à commencer par la taille sidérante que le jeu occupe sur le disque dur: jamais ce journaliste n’a-t-il vu un jeu engloutir 100 gigaoctets. A-t-on cru que tous les joueurs pourraient sans problème se permettre de télécharger 96 de ces gigaoctets d’un seul coup? Heureusement qu’il existe des forfaits d’accès à internet sans limite de bande passante, mais cette exagération est carrément absurde.
Viennent ensuite les capacités graphiques du jeu, où même en activant les options les plus avancées, le titre demeure parfois flou, lent à afficher des textures, ou adopte la mauvaise habitude de faire soudainement apparaître des arbres, des herbes et d’autres objets d’un coup, et ce à une très courte distance. Cette technique fonctionnait dans les années 1990, en raison des limitations informatiques de l’époque, mais en 2018-2019, le tout est quelque peu ridicule.
Clairement, Atlas n’était pas prêt pour une mise en marché, même en mode accès anticipé. Cependant, rendons à César ce qui lui revient: outre la thématique intrigante et excitante, on peut apercevoir, derrière les couches de mauvaise optimisation, derrière les ralentissements, derrière les textures de mauvaise qualité, derrière tout cela, on voit ce que les développeurs souhaitent accomplir. Cette idée que plonger dans les eaux glacées nuit à l’énergie disponible, par exemple, ou encore le concept d’acquisition d’un territoire pour s’y établir comme dirigeant.
Que doit-on faire, alors, d’Atlas? Ne pas l’acheter pour l’instant, sans doute. Car à moins de vouloir endurer quantité de frustrations, le jeu n’est aucunement prêt pour le grand public. Peut-être, à force de correctifs et de changements, réussira-t-on à en tirer quelque chose de potable.
Atlas
Développeur: Grapeshot Games et Instinct Games
Éditeur: Grapeshot Games
Plateforme: Windows
Jeu non disponible en français
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