Pour mettre fin à la paralysie partielle du gouvernement américain, pas question de céder d’un pouce: voilà ce qui ressort d’un nouveau sondage publié par le Pew Research Center. Les électeurs américains semblent ainsi camper sur leurs positions respectives, à l’image des démocrates et des républicains.
Signe des temps, après des décennies de polarisation politique et électorale? Au dire du coup de sonde, 58% des Américains sont catégoriquement opposés à la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique, la promesse électorale phare du président Donald Trump, tandis que 40% des répondants y sont favorables.
Chez les républicains, on serre les rangs pour appuyer le président, lui dont le refus d’approuver une loi budgétaire sans financement pour le mur a plongé le pays dans la plus longue paralysie de son histoire. Idem chez les démocrates, où l’on refuse de céder à cette exigence de dernière minute, le projet de loi budgétaire ayant préalablement été approuvé par les deux chambres du Congrès, alors entièrement sous contrôle républicain.
Cette absence de prédisposition au compromis se reflète aussi dans la volonté de tenter de trouver un terrain d’entente, possiblement en accordant une certaine portion des 5,7 milliards de dollars réclamés par le président. Au dire du Pew Research Center, 88% des opposants au mur refusent de fournir le moindre cent à M. Trump. Chez les partisans du projet, 72% d’entre eux jugent qu’il est inacceptable de mettre fin à la paralysie partielle du gouvernement sans financer la construction du mur.
Le mur, la solution idéale?
Selon les arguments avancés par les républicains, un mur à la frontière avec le Mexique serait la solution idéale pour contrer « l’immigration illégale », le trafic de drogues, ainsi que la traite de personnes. Il y a deux ans, seulement 29% des Américains estimaient qu’une telle muraille réduirait l’immigration illégale; aujourd’hui, cette proportion est passée à 34%, indique le Pew Research Center.
Cependant, 44% des répondants croient que le mur aurait peu d’impacts pour contrer l’arrivée de clandestins. De nombreux experts ont d’ailleurs démontré que la plupart des gens devenant des sans-papiers aux États-Unis sont des immigrants ayant laissé expirer leur visa, mais qui demeurent ensuite en territoire américain; ces gens arrivent généralement par la voie des airs. La drogue, elle, est plutôt cachée dans des véhicules passant par les postes-frontière officiels entre les deux pays. Et s’il y a effectivement des gens tentant de franchir illégalement la frontière, certains sont des demandeurs d’asile qui disposent, en vertu du droit international, de la possibilité de réclamer une aide humanitaire, et la possibilité de fuir la violence et la misère de leur pays d’origine.
Une paralysie aux effets étranges
Outre la mise en chômage technique pour 800 000 travailleurs fédéraux, dont la moitié est forcée de travailler gratuitement, la paralysie du quart de l’administration américaine entraîne des conséquences inusitées: recevant lundi à la Maison-Blanche une équipe championne de football universitaire, le président Trump a remplacé le dîner préparé par les chefs de sa résidence officielle, eux aussi mis en congé forcé, par un « festin » de burgers et autres pizzas.
« Nous avons du MacDonald’s, du Burger King, du Wendy’s… que du fast food américain, de la bonne bouffe américaine », a déclaré le locataire de la Maison-Blanche. Image surréelle que celle de la salle accueillant habituellement les banquets officiels, auxquels sont conviés les chefs d’État, cette fois chargée de centaines de contenants en carton et en plastique contenant de la malbouffe, avec des contenants en papier estampillés du logo de la Maison-Blanche remplis de frites et des saucières en argent débordant de contenants de sauce barbecue.
Mercredi, la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a suggéré que M. Trump pose un geste inhabituel et reporte la tenue du discours sur l’état de l’Union, un événement traditionnellement tenu à la fin janvier où le président rassemble les deux Chambres, les juges de la Cour suprême et ses ministres pour un grand discours.
Cette fois, écrit le New York Times, la paralysie partielle a largement grevé les moyens du Secret Service, chargé d’assurer la sécurité de tous ces dirigeants, ainsi que celle du président. Le tout réclame habituellement trois semaines de préparations, mentionne le quotidien new-yorkais.
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