Pour la première fois en plus de sept décennies d’existence, Lucky Luke, l’homme qui tire plus vite que son ombre, quitte son Amérique natale et visite le Vieux Continent, dans Un cow-boy à Paris.
En allant reconduire les Dalton au pénitencier, Lucky Luke tombe sur Frédéric Auguste Bartholdi, un sculpteur français effectuant une tournée à travers les États-Unis afin de promouvoir son ambitieux projet, soit une statue de 93 mètres visant à souligner l’amitié entre la France et l’Amérique, et nommée « La Liberté éclairant le monde ». Entre les Amérindiens et les nombreux adversaires, dont un directeur de prison qui convoite lui aussi l’emplacement d’Ellis Island pour y installer un établissement carcéral, Bartholdi a manifestement besoin d’un garde du corps, et Lucky Luke décidera d’accompagner l’artiste jusqu’à Paris, où il sera responsable de ramener la fameuse statue en Amérique.
Typique de la bande dessinée franco-belge, Lucky Luke est l’une de ces séries dont chaque album est entièrement indépendant, et dans laquelle on peut se replonger à tout moment, même si l’on a manqué quelques tomes. Personnellement, je n’avais pas lu une aventure de l’homme qui tire plus vite que son ombre depuis des années, et je me suis senti en terrain familier dès les premières pages d’Un cow-boy à Paris. Il faut dire que, si Morris, le créateur du célèbre personnage, est décédé en 2001, le duo Jul et Achdé fait un travail remarquable pour assumer la continuité de son œuvre, et ce nouvel opus est empreint d’un immense respect pour le matériel original.
L’humour d’Un cow-boy à Paris est généralement familial, mais ne s’adresse pas uniquement aux plus jeunes. Dans un clin d’œil envers la situation actuelle chez nos voisins du Sud, le personnage d’Abraham Locker, directeur de prison et auteur d’un livre sur les différents types de barreaux et de clôtures intitulé « 50 Nuances de Grilles », s’exclame qu’un jour, il faudra bien construire un mur entre les États-Unis et le Mexique. Jul multiplie aussi les clins d’œil à l’histoire de Lucky Luke. En raison de la couleur de ses vêtements (rouge, jaune et noir), le cow-boy sera souvent pris pour un Belge, la nationalité de son créateur, et des références à son abandon de la cigarette en faveur d’une brindille d’herbe en 1983 se glissent ici et là à travers l’album.
Visuellement, Lucky Luke n’a pas changé d’un iota, et les personnages d’Un cow-boy à Paris sont en tout point identiques à ceux que dessinaient Morris il y a des années. Non seulement Achdé emprunte le même style graphique simple et expressif auquel des générations de lecteurs sont habitués, il va jusqu’à utiliser le même lettrage dans les phylactères. Même la coloration, avec ses couleurs franches et sans dégradé, rappelle les vieux albums. L’illustrateur reproduit les paysages typiques du Far Ouest ou les rues de Paris avec la même efficacité, et ses figures historiques, dont Frédéric Auguste Bartholdi, Gustave Eiffel, Verlaine, Rimbaud ou Victor Hugo, sont très ressemblantes.
Les fans de Lucky Luke ont de quoi être rassurés puisqu’avec Un cow-boy à Paris, le duo Achdé et Jul prouve que le plus célèbre cow-boy de la bande dessinée est entre bonnes mains.
Lucky Luke – Un cow-boy à Paris, de Achdé et Jul. Publié aux Éditions Lucky Comics, 44 pages.
2 commentaires
Pingback: Critique Lucky Luke – Un cow-boy à Paris - Patrick Robert
Pingback: Un roman graphique pour Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur