Il y a longtemps qu’on sait que les océans absorbent le gros du trop-plein de chaleur qui résulte de l’effet de serre créé par nos activités. Mais la difficulté a toujours été de mesurer l’impact, en degrés Celsius, de cette absorption — une mesure pourtant fondamentale pour prévoir l’avenir. Or, plus la technologie se raffine et plus le total grimpe.
Ainsi, les océans se réchaufferaient 40% plus vite que la valeur « prudente » qui avait été retenue comme estimation dans le dernier rapport du GIEC — valeur qui, elle-même, était plus élevée que celle qui avait été retenue dans le rapport précédent, cinq ans plus tôt. Pour les humains qui vivent sur la terre ferme, c’est une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne: les océans nous épargnent ainsi une bonne partie du réchauffement planétaire. La mauvaise: on approche de leur point de saturation.
Selon l’analyse parue dans la revue Science, 2018 a même été l’année la plus chaude pour les océans, battant le record de 2017, qui battait le record de 2016.
Ce n’est pas moins de 93 % de la chaleur excédentaire — soit celle qui est causée par les activités humaines — qui est absorbée par les océans. Mais la difficulté pour les scientifiques a toujours été de mesurer l’impact sur la température à différentes profondeurs. Il se trouve aussi que de savoir de combien la température a augmenté à la surface, à 100 mètres et à 1000 mètres, ne relève pas juste de la curiosité scientifique: c’est le meilleur indicateur qu’on puisse avoir de la capacité d’absorption des océans et de la possibilité qu’on approche de leur point de saturation. Sans compter que cette augmentation de la chaleur a un impact dévastateur sur certains écosystèmes marins, et qu’elle signifie une hausse du niveau des océans, chose particulièrement inquiétante pour quelques centaines de millions de personnes.