Une épidémie de peste pourrait-elle avoir éradiqué la première population d’agriculteurs européens, il y a 4900 ans? C’est l’intrigante question qui se pose après la découverte, dans un cimetière suédois, non pas d’ossements, mais du génome de… bactéries.
La paléontologie déborde en effet aujourd’hui bien au-delà des squelettes. Une équipe de plusieurs pays annonce dans l’édition du 6 décembre de la revue Cell que les séquences génétiques retrouvées dans les dents d’une femme d’environ 20 ans morte à cette époque, ne cachaient pas juste le génome de cette personne, mais celui d’une bactérie bien connue: Yersinia pestis. La peste.
Le premier séquençage de ces dents avait déjà révélé, en 2014, que cette jeune femme appartenait au groupe génétique dont les ancêtres,venus du Moyen-Orient, avaient progressivement apporté l’agriculture en Europe. Un groupe qui, nous a également révélé la génétique depuis cette date, s’est éteint à peu près à cette époque,pour être remplacé, ou être assimilé, par une autre vague migratoire. Or, la présence de la peste à un endroit et une époque où on ne la connaissait pas – jusqu’ici, les experts ne la plaçaient à cette époque qu’en Asie centrale –, conduit d’emblée certains à lier les deux événements: la maladie,dont on sait combien elle est contagieuse, aurait-elle pu décimer cette population et ouvrir le terrain à l’arrivée d’autres populations ?
Un bond qui ne convainc pas tout le monde: bien que la recherche parue dans Cell fasse état d’un deuxième squelette – sur 78 – chez qui on a retrouvé aussi des gènes de Yersinia pestis, il en faudra davantage pour conclure qu’il s’est agi d’une épidémie à l’échelle européenne. Mais en attendant, une dent et une poignée de gènes vieux de 4900 ans, lèvent une petite partie du voile sur un mystère historique.
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