Le téléphone intelligent Mate20 Pro, du fabricant chinois Huawei, est le meilleur appareil dans tous les domaines. Point final. Enfin, c’est ce qu’avance l’entreprise. Et après deux semaines de tests, le téléphone excelle effectivement dans plusieurs domaines, mais ne réussit malheureusement pas à convaincre.
La division canadienne du géant chinois avait pourtant mis les petits plats dans les grands: séance d’information pour un groupe sélect de chroniqueurs technologiques montréalais, repas dans un grand restaurant italien… Tout pour donner une impression de prestige à l’appareil.
Force est d’admettre, d’ailleurs, que le téléphone, présenté comme un produit de luxe, regorge de caractéristiques à faire pâlir d’envie certaines autres entreprises du secteur. Triple lentille Leica à l’arrière, une autre à l’avant pour les selfies et les conversations vidéo, recharge pleine en moins d’une heure à l’aide d’un adaptateur spécial, possibilité de recharge sans-fil et d’utiliser le téléphone comme pile sans fil pour un autre appareil, reconnaissance tactile et faciale, processeur ultrarapide et affichant une efficacité énergétique accrue… Les avantages attribués au Mate20 Pro sont bien réels.
Bien entendu, impossible, en quelques jours seulement, de déterminer si l’appareil est fidèle à sa promesse de demeurer sensiblement aussi performant qu’à l’origine sur une période de 18 mois, alors que l’on affirme que des téléphones concurrents voient leurs puces perdre jusqu’à 40% d’efficacité et de rapidité.
Néanmoins, on semble avoir pensé à tout, chez Huawei. On a même inclus un mode vidéo permettant d’afficher des individus mobiles en couleurs sur un fond noir et blanc, un effet spécial autrefois réservé à la post-production au cinéma ou à la télévision. De fait, les capacités photo et vidéo sont simplement fantastiques, y compris avec le mode macro.
Tout cela est bien beau, et il est certain que de simplement se procurer un appareil photo et les accessoires nécessaires pour reproduire les prouesses accessibles grâce au Mate20 Pro coûterait probablement aussi cher, sinon davantage que de mettre la main sur le téléphone.
Le meilleur au monde, vraiment?
Il y a toutefois quelques accrocs qu’il est nécessaire de souligner. D’abord, la volonté de faire disparaître le « cadre » du téléphone, soit cette partie du boîtier entourant l’écran, a été quelque peu poussée à l’extrême, avec comme résultat qu’en tenant l’appareil en main, il existe toujours une crainte d’activer des fonctions ou d’appuyer sur des icônes ou des boutons avec d’autres doigts que son pouce. Bien entendu, le problème sera réglé en ajoutant un étui – et l’on trouvera d’ailleurs un étui de base en plastique transparent dans la boîte de l’appareil –, mais alors, à quoi bon faire disparaître le cadre dès le départ?
La reconnaissance tactile pose elle aussi problème. Largement vantée lors de la séance de démonstration, elle s’est avérée frustrante dès le départ pour ce journaliste, qui a pesté contre un système lui répétant que son doigt ou l’écran était sale. Il fallut près d’une dizaine de minutes pour faire enfin reconnaître une empreinte digitale… Pour ensuite se rabattre sur un code chiffré, histoire de gagner du temps, le capteur du téléphone semblant nécessiter une pression soutenue pour reconnaître une tentative de déverrouillage tactile.
Autre problème, qui pourrait sembler mineur mais qui ne l’est pas vraiment, quelques tentatives d’exploration n’ont pas permis de trouver une méthode pour retirer des raccourcis présents sur l’écran d’accueil du téléphone. Plutôt que d’appuyer avec un doigt et de maintenir le contact jusqu’à ce qu’il soit possible de glisser l’icône vers l’option « retirer » ou « effacer » habituellement offerte sur Android, ici, on n’a droit qu’à une fonction de déplacement.
Pire encore, l’ajout de nouvelles applications se fait pêle-mêle sur des écrans s’ajoutant à la droite de l’écran d’accueil. Pas de possibilité d’ajouter un lanceur d’applications, ni même de tri automatique par ordre alphabétique.
Et si l’appareil est livré par défaut avec la version 9 du système d’exploitation Android, développé par Google, était-il vraiment nécessaire d’imposer une interface spécialement développée par Huawei? Peut-on enfin cesser de vouloir nous enfoncer dans la gorge des designs légèrement différents et des applications indésirables? Offrons-nous plutôt la version de base d’Android. À l’utilisateur, ensuite, de la personnaliser comme bon lui semblera.
Soyons francs: le Mate20 Pro est un excellent appareil, particulièrement en ce qui concerne les capacités photo. Il était certes inutile d’offrir une option permettant de passer à une précision visuelle ISO niveau 1 000 000, mais autrement, personne ne peut se tromper en misant sur Leica.
Oui, la question des liens de l’entreprise avec le gouvernement chinois pose problème. Et oui, le prix exigé sans contrat – 1200 $ chez Fido, par exemple – représente l’équivalent d’un mois de loyer pour ce journaliste, ce qui en fait définitivement un objet de grand luxe.
Encore une fois, les amateurs de gadgets aux poches profondes y trouveront certainement leur compte. Pour les autres, il existe quantité d’appareils peut-être moins performants, mais dont le prix bien moins élevé compensera sans doute l’absence de certaines fioritures.
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