Le gouvernement fédéral a finalement perdu patience envers les grévistes de Postes Canada: le Sénat a adopté lundi soir la loi spéciale mettant fin aux grèves tournantes des facteurs et factrices, forçant un retour au travail dès mardi après-midi.
À la suite, d’abord, de l’adoption de cette loi spéciale à la Chambre des communes, dans la nuit de vendredi à samedi, la Chambre haute avait elle aussi le mandat d’approuver la nouvelle législation. À la suite de débats entamés samedi, les tractations avaient finalement été reportées à lundi.
Avec ce retour au travail, le gouvernement semble se ranger aux arguments de la partie patronale, pour qui la poursuite des grèves tournantes, avec l’accumulation de colis en attente de livraison, et même un avis lancé aux partenaires internationaux de Postes Canada pour suspendre temporairement l’envoi de colis au pays, risquait de fortement nuire aux entreprises durant la période des Fêtes, la plus achalandée de l’année pour le service postal.
La partie patronale avait d’ailleurs précédemment appelé à une suspension des moyens de pression pendant cette période, une demande rapidement rejetée par les grévistes.
« Notre gouvernement a fait tout ce qu’il a pu pour appuyer et encourager Postes Canada et le STTP à conclure des conventions collectives négociées. Tout au long du processus, qui dure depuis plus d’un an, les parties ont été aidées par des conciliateurs fédéraux, des médiateurs et un médiateur spécial. Le médiateur spécial a ensuite été renommé à deux reprises dans l’espoir que les parties puissent conclure une entente », a déclaré la ministre du Travail, Patty Hajdu, dans un communiqué transmis en soirée.
« Malgré ces efforts, les parties n’ont pas réussi à s’entendre et, le 22 novembre, le gouvernement a déposé le projet de loi C-89, qui établit un processus par lequel les parties poursuivent les négociations avec un médiateur-arbitre indépendant et les employés reprennent le travail. »
« L’arrêt de travail de Postes Canada a eu des répercussions négatives importantes sur les Canadiens, les organismes de bienfaisance, les entreprises de toutes tailles, le commerce international, Postes Canada, ses travailleurs et leur famille. Les Canadiens et les entreprises comptent sur Postes Canada et sur ses travailleurs, surtout pendant la période la plus occupée de vente au détail », ajoute encore la ministre, qui soutient que le gouvernement « a épuisé toutes les autres options ».
Les syndiqués ulcérés
Chez les facteurs et factrices, on indique « examiner toutes les options » à la disposition du syndicat pour contester cette loi de retour au travail.
« Les travailleurs et travailleuses des postes sont consternés et scandalisés, et avec raison, déclare Mike Palecek, président national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). Cette loi enfreint notre droit à la libre négociation collective, qui est pourtant garanti par la Charte canadienne des droits et libertés. »
« On s’en souviendra! », s’intitule d’ailleurs le communiqué publié lundi soir par le syndicat.
Les futurs ex-grévistes soutiennent qu’en raison d’un retour au travail en vertu des mêmes conditions qui prévalaient avant le déclenchement des grèves tournantes, il se produira « au moins 315 accidents de travail invalidants à Postes Canada », et que « les factrices et facteurs ruraux et suburbains travailleront environ 250 000 heures sans être payés ».