Si notre souvenir de Wreck-It-Ralph est plus ou moins sympathique, il n’est certainement pas agréable au point d’en vouloir une suite. Néanmoins, lorsque l’on y retourne, ce premier volet n’atteignait certainement pas le niveau d’ennui et de facilité dont s’arme la suite, histoire de satisfaire sans effort les adultes en quête de références socio-culturelles actuelles.
En fait, en repoussant ses limites et en décidant de ne plus s’en tenir à la nostalgie rétro, Ralph Breaks the Internet exhibe rapidement les travers les plus problématiques du capitalisme dont Disney est certainement l’un des plus grands partenaires.
Bien sûr, si cette production signée Disney cherche à appâter les plus jeunes, comme c’est le cas avec films d’animation génériques, elle a aussi l’ingéniosité de démultiplier le nombre de blagues et de références qui feront plaisir aux adultes. Pendant ce temps, les jeunes seront exposés à un nombre incalculable de placements de produits a priori inoffensifs, mais pourtant immensément bien calculés.
C’est que six ans après le premier film (comme dans la vraie vie), nos personnages en arrivent à désirer plus que ce qui leur est proposé, ce qui les poussera malgré eux à devoir se lancer dans « le vrai monde » par le biais de l’internet, les forçant à faire face à un monde de surconsommation numérique aussi excitant qu’inquiétant.
Et c’est probablement cette assurance qui pose problème. Le long-métrage a tellement envie d’impressionner et d’épater la galerie, en plus de vouloir se montrer ô combien intelligent dans ses idées, qu’il devient rapidement redondant et assommant. Oui il y a de bons flashs (les deux scènes cachées dans le générique sont assez astucieuses), mais le film n’atteint jamais l’intelligence qu’il clame démontrer, loin d’avoir par exemple le brio des The LEGO Movie ou même The LEGO Batman Movie.

Narrativement parlant il est toutefois honorable de laisser l’histoire couler d’elle-même et d’utilisant comme opposant, si ce n’est comme vilain, celui qui prétend être l’adjuvant, soit Ralph lui-même. Ramenant l’intéressante dualité intérieure sur les notions de bon ou de méchant, tous les malheurs arrivent ici à cause de Ralph, mais tout le bonheur est souvent dû à sa bonté.
Dommage, alors que toute cette épatante réflexion d’une grande complexité se noie dans un film beaucoup trop long et sans trop d’intérêt, dans lequel on ressasse ad nauseam un discours indigeste sur la force de l’amitié et tout ce qui en découle.
En s’attaquant au côté éphémère de notre société et de ce qui intéresse les uns et les autres de nos jours, Ralph Breaks the Internet trouve également le moyen de se sculpter à cette image. Le film apparaît ainsi comme un divertissement plus ou moins efficace qui fait sourire, qui surprend (auto-dérision ou publicité gratuite pour l’empire Disney? Coup de génie ou plan de marketing douteux pour ce qui est des princesses qu’on tente d’émanciper tout en les montrant comme « esclaves » de leur travail, vouées à satisfaire les besoins ingrats des petits filles sur internet?), mais qui s’oublie aussi rapidement qu’il est apparu.
Heureusement que la distribution vocale a du plaisir; de renouer avec John C. Reilly, Sarah Silverman, Jack McBrayer et Gal Gadot notamment, est ainsi un plaisir dont on ne se privera certainement pas.
5/10
Ralph Breaks the Internet prend l’affiche en salles ce mercredi 21 novembre.
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