La longue saignée se poursuit: suite à la transition de la structure du journal La Presse vers un modèle fonctionnant maintenant entre autres grâce à la philanthropie, voilà que 37 des 500 employés du quotidien de la rue Saint-Jacques perdent leur poste. De quoi pousser l’intersyndicale de la Centrale des syndicats nationaux (CSN) à appeler Québec et Ottawa à l’aide.
Comme l’explique Laura-Julie Perreault, présidente du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse, les départs annoncés seraient volontaires. Selon une autre source, qui s’est confiée à Radio-Canada, une cinquantaine de personnes auraient accepté de quitter leur poste de façon volontaire, évitant ainsi des mises à pied, chose que les dirigeants du quotidien envisageaient, si besoin était.
« Nous demeurerons vigilants afin d’assurer le maintien du droit du public à une information de qualité. Nous accorderons également une attention particulière à l’impact de ces mesures sur la charge de travail des salariés », a ajouté Mme Perreault.
Dans une déclaration transmise par communiqué, on souligne par ailleurs qu’avec l’appui de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), les syndicats de La Presse affiliés à la CSN ont travaillé ces derniers mois à faire reconnaître l’importance de l’information et de la liberté de la presse dans notre société.
« Plus que jamais, la FNC-CSN revendique une intervention gouvernementale afin de soutenir la presse écrite imprimée ou numérique. En ce sens, nous ne pouvons persister à ignorer la problématique financière qui mine sans cesse la survie des médias », a précisé Pascale St-Onge, présidente de la FNC-CSN.
Modèle mis à mal
Le modèle d’affaires de La Presse, dont la parution en format papier a pris fin après la réduction à une seule parution papier, le samedi, au bénéfice de la déclinaison numérique La Presse+ et du site internet du journal, s’appuie toujours sur les revenus publicitaires pour compenser les coûts de production d’une information offerte gratuitement.
Le hic, c’est que ces revenus publicitaires sont récupérés à plus de 80%, voire parfois à plus de 90% par Google et Facebook.
Ramener des frais d’abonnement n’est pas non plus une panacée. Si le New York Times réussit à engranger des profits à l’aide de sa version numérique, bien d’autres médias nord-américains peinent encore à compenser les pertes des revenus publicitaires traditionnels par les revenus numériques.
Jusqu’à maintenant, l’aide gouvernementale s’est réduite à un prêt de 10 millions du gouvernement libéral de Philippe Couillard au Groupe Capitales Médias, qui comprend les quotidiens régionaux autrefois détenus par La Presse et son ancienne maison-mère, Gesca.
Du côté du gouvernement fédéral, l’ex-ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, a longtemps affirmé qu’Ottawa ne voulait pas financer des « modèles d’affaires qui ne fonctionnent pas ».
En août dernier, un comité du Sénat proposait de changer les règles entourant les crédits d’impôt octroyés à l’achat de publicité en ligne pour faciliter la tâche aux médias voulant récupérer une partie des sous sur lesquels Google et Facebook mettent très majoritairement la main.
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