Plus ou moins attendue, après l’éclatement de l’affaire #MeToo et la mise à l’écart de Kevin Spacey, l’acteur principal de la série pendant cinq saisons, la sixième déclinaison de House of Cards vient confirmer que toute bonne chose a une fin. Une fin souvent trop étirée, ennuyeuse et oubliable.
Le divorce était déjà passablement confirmé, l’an dernier, avec la passation des pouvoirs au sein du couple Underwood. Après avoir régné en proto-despote sur les États-Unis, voilà que Frank (Spacey) laissait le pouvoir à sa femme, Claire (Robin Wright), précédemment choisie comme première dame. C’est donc l’ex-première dame et ex-vice-présidente Underwood qui se retrouve dans le bureau ovale.
On pourrait croire qu’avec le scandale ayant éclaboussé Spacey, forçant du même coup Netflix à revoir complètement le scénario de l’ultime saison de la série phare qui a cimenté sa position comme diffuseur d’importance, on aurait fait table rase pour mieux se concentrer sur Mme Wright. Que nenni! Tout tournera malgré tout autour de Frank Underwood, mort avant le début de la saison. Le tout est peut-être symbolique des obstacles qui entravent toujours la marche des femmes vers une plus grande égalité des sexes, mais on pense surtout à la paresse des scénaristes.
Parallèlement à cette présence constante – à un point tel que Kevin Spacey pourrait pratiquement réclamer un cachet –, on nous invente une famille de méchants, les Shepherds, sorte de déclinaison des frères Koch, qui investissent dans tout et contrôlent de larges pans de l’économie. Au point, en fait, de se permettre de prendre des décisions au nom du gouvernement américain. Après tout, n’ont-ils pas le vice-président et le cabinet en entier dans leur poche?
L’idée d’un tel adversaire, qui n’est pas sans rappeler le personnage de Raymond Tusk lors des années précédentes, n’est pas mauvaise en soi. Le hic, c’est que l’on fait apparaître cet ennemi surpuissant à la toute dernière saison, sans laisser suffisamment d’espace pour que la rivalité puisse se développer correctement.
De fait, tout ce qui aurait pu fonctionner, dans cette sixième saison, est évacué en quatrième vitesse pour permettre aux personnages de disserter sur l’absence de Frank Underwood. La contestation judiciaire visant à priver la présidente de certains pouvoirs exécutifs? Réglée hors caméra. Le regain des tensions avec la Russie? Réglée en environ un épisode, sans que l’on trouve une véritable solution au problème. Le retour des terroristes islamistes, qui tenteraient cette fois d’acquérir une arme nucléaire? Évoqué en quelques minutes, puis réglé ou simplement effacé du scénario.
Les gens de chez Netflix auraient mieux fait d’oublier cette sixième saison et de passer à autre chose. Le fait que l’on nous vende d’autres productions originales, sur la page d’accueil du site, plutôt que l’oeuvre qui passionnait même Barack Obama, en dit long sur la dégringolade de la série.
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