En réédition chez Druide, après une première édition chez Leméac en 2002, paraissait récemment Jours de sable, un récit d’Hélène Dorion. Récipiendaire du Prix Anne-Hébert, cette narration personnelle et poétique nous fait remonter dans le temps avec l’auteure. Un retour en arrière qui nous ramène jusqu’à la découverte des mots par une enfant à la recherche de sens, en quête de connaissance.
Petite fille, Hélène Dorion avait tellement hâte de pouvoir faire comme son père et d’accéder au savoir par la lecture, qu’elle s’inventait de toutes pièces une écriture de gribouillis en petites vagues, qu’ensuite elle s’étonnait de ne pas pouvoir déchiffrer. Vivement l’entrée à l’école, cet endroit où elle sera protégée de tout et qui la gavera continuellement de connaissances, qui lui permettront de trouver un sens.
Mais rien n’est permanent dans le monde de Dorion. Comme l’océan qui n’est jamais le même, d’une heure à l’autre ou d’une vacance sur la côte est des États-Unis à l’autre. Comme les traces que nous laissons sur le sable et qui n’auront d’existence que le temps d’une vague. D’ailleurs, pour l’auteure, les mots sont comme les outils du sculpteur. Ils servent à modeler et à remodeler son environnement, son entourage, sa famille. Grâce aux infinies possibilités de l’écriture, la jeune fille, la jeune femme et la femme faite s’entraîneront à refaire le monde, à le redessiner, en commençant par le visage de ses parents, en refaisant et en défaisant les caractères, les particularités de chacun. Des êtres qui, sous la plume de l’auteur, sont aussi changeants que le ciel au-dessus de la mer, aussi mouvants que l’écume. L’image de la vague illustre bien les états d’esprit changeants de la narratrice: dans sa vision, nous sommes souvent tout à la fois ici et ailleurs, légers et lourds, dans le temps présent et dans le passé, dans le creux de la vague ou sur sa crête.
Bâti sur une structure plus apparente que celle de L’étreinte des vents, Jours de sable guide davantage le lecteur et l’invite à suivre la narratrice jusqu’au bout de cette quête, de cette longue plage dont les traces qu’on y laisse disparaîtront lors de la prochaine marée.
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