Collaboration entre la directrice de l’Usine C, Danièle de Fontenay, et Hubert Colas, auteur à la tête d’un lieu de diffusion Marseillais, Actoral est une biennale transatlantique, coproduite par Montréal et Marseille qui met en avant les nouvelles écritures théâtrales. Troisième édition du festival.
Les frontières disciplinaires se floutent de plus en plus, ces derniers temps, et ce festival s’invite à tester des écritures tout en promouvant l’échange interculturel. Les spectacles occupent l’espace du rez-de chaussé de l’Usine C et débordent jusqu’à La Chapelle. En parallèle des programmations en salle, on peut aussi voir des expositions. Les soirées proposent souvent deux, voire trois œuvres à la suite les unes des autres. Souvent, ce sont des petites ou moyennes formes, avec des dispositifs s’éloignant quelque peu de l’utilisation classique de la scène de théâtre. Théâtre francophone, on y découvre des nouveaux créateurs, aussi bien en théâtre, en danse ou en performance venus de France, de Belgique et du Québec et dont les créations sont souvent des coproductions.
Le temps de deux soirées, nous découvrons trois pièces. À l’Usine C, une soirée à thème présente deux spectacles sur des rapports mère-fille. Malika Djardi dans Sa prière porte les mots de sa mère dans un solo de danse qui fait écho à des enregistrements extraits d’entretiens sur les sujet du mariage islamique, de la relation au sacré et au couple. C’est court et assez bien mené. En seconde partie de soirée, Sachli Gholamalizad, dans A reason to talk,fait aussi intervenir la parole de sa mère, femme dont elle s’est toujours sentie distante et incomprise et dont elle essaie de comprendre le parcours d’immigrante iranienne en Belgique. La metteure en scène a mis en place un dispositif de plusieurs écrans par lesquels elle communique avec le public et interagit avec la vidéo pré-enregistrée de sa mère. Travail personnel intime qui aurait plus une place de documentaire que dans une salle de spectacle. Elle a surtout l’air de se parler à elle-même, et on s’ennuie un peu.
Le spectacle qui retient notre attention, c’est celui de Gérald Kurian à La Chapelle: Hot Bodies – Stand Up. Le performeur formé en art visuels et recherches chorégraphiques en France offre un solo mêlant création sonore projection vidéo et installations photographiques. Pendant une heure il discute avec – mais aussi sans – le public et beaucoup de second degré du sujet des identités queer et des différentes formes de revendications politique, sexuelle ou encore fétichiste qu’elles amènent. Pour ce faire, c’est un voyage qu’il propose depuis sa black box jusque dans les profondeur d’une forêt habitée par les fées.
Trouvant toujours le ton juste, jouant à la frontière de l’exhibitionnisme, il réussit toujours à garder une certaine pudeur et à ne pas tomber dans l‘outrancier. La caricature sert le propos qui est loin d’être superficiel. Il y a un vrai discours porté à la scène par une réelle proposition artistique où se mêlent subtilement plusieurs formes d’art. Une réussite assez rare pour qu’elle mérite d’être notée. Il nous fait rire et parvient à nous transporter dans une réalité autre. Comme un conte de fées queer un peu décousu.
Évidemment, il y a beaucoup d’autres spectacles à Actoral, cette année, et ça dure jusqu’au 3 novembre!
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