Après Brice, l’agent secret OSS 117, Frédéric Beigbeder, l’acteur Jean Dujardin revient au grand écran dans la peau d’un self-made-man en sol français. La comédie I Feel Good (2017) réalisé par Gustave Kervern et Benoit Delépine a été projetée en première Nord-Américaine au Festival de nouveau cinéma du 3 au 14 octobre.
En banqueroute, Jacques fuit son hôtel vêtu de la robe de chambre ou peignoir à l’effigie de l’établissement et des pantoufles blanches, relevant l’oranger de son bronzage à la Trump-Kennedy. Il trouve refuge auprès de sa sœur qui organise plus que dirige un Emmaüs fondé par l’Abbé Pierre. Sur ce site en partie autarcique, les plus démunis prennent part à divers ateliers de recyclage pour se reprendre en main. En bon capitaliste, Jacques y voit un terrain fertile pour refaire fortune… hé bien, faire fortune, puisqu’il aspire à la richesse instantanée sans jamais avoir eu de succès en affaires.
Les flash-back servant à construire le personnage sont hilarants: sa rébellion juvénile en voulant dilapider l’argent de son père par des placements incertains, ses apparences d’homme riche avec son chandail Lacoste trafiqué et la rencontre avec un ancien camarade de classe qui va changer le court de son existence. En fait, son idée originale pour se refaire est l’idée qu’il a piquée à son camarade. Les réalisateurs ont fait de même puisqu’on retrouve la quête de l’oncle de la comédie Napoleon Dynamite (2004).
Vivant dans son Winnebago et dans le passé, ce personnage profite de son pied à terre pour se refaire. Cet oncle tente de vendre des implants mammaires en convainquant des femmes qui n’en ont pas besoin. Cette stratégie commerciale est beaucoup plus policée dans I Feel Good (2017), de sorte que Jacques adapte son discours à chaque membre de la communauté en les faisant rêver sur la gloire que va leur apporter un changement d’image.
Il n’y a pas de comédie sans subversion. Ici, le héros incarne le rêve américain dans un milieu ancré dans la troisième économie, celle du partage. L’adepte de comédie française ne peut que se frotter les mains en visionnant la bande-annonce ou en lisant le synopsis, mais cette critique de la mentalité américaine s’ankylose de cette manie contemporaine visant à s’assurer que tous les spectateurs saisissent les blagues.
Au lieu de resserrer les répliques cinglantes autour d’un fil conducteur à l’instar des classiques de la comédie de situation, les réalisateurs nous montrent l’Emmaüs de fond en comble pour transmettre le message moral qu’un autre monde est possible. Ça manque de mordant.
Un appel à la solidarité déguisé.
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