Situé entre la Croatie et la Serbie, un syncrétisme plus ou moins calibré se loge dans ce petit pays montagneux. Présenté dans le cadre du Festival du nouveau cinéma, le documentaire The Stone Speakers de Igor Drljaca examine quatre phénomènes touristiques à travers lesquels les Bosniaques se réapproprient leur territoire.
Si la mise en valeur de cette région méconnue a valu deux Palmes d’or au cinéaste Emir Kusturica, le prix le plus prestigieux du Festival de Cannes, l’historienne bulgare, Maria Todorova critique l’argument de la «complexité» afin de refuser tout travail d’intelligibilité de la situation évoqué par les Occidentaux, qu’elle qualifie de «balkanisme». Au moment de la chute de l’URSS, dans les années 1990, la guerre du Kososvo a donné lieu a des affrontements terribles qui se sont soldés par la mise en place d’un tribunal international.
Le rédacteur en chef du Courrier des Balkans, Jean-Arnault Dérens écrit dans le Monde diplomatique de décembre 2016, que tous les gouvernements nationalistes de la région d’Europe centrale et orientale utilisent, déforment et manipulent les faits historiques afin de justifier et d’asseoir leur propre pouvoir. Alors qu’une Déclaration sur la langue commune, le serbo-croate, a été présentée le 30 mars 2017 dans la capitale bosniaque, Sarajevo. Initiative des intellectuels pour en finir avec les querelles linguistiques des pays d’ex-Yougoslavie, rapporte le Monde diplomatique de juillet 2017.
Sous la botte du fascisme, sous le couvert d’une Union soviétique modérée par la présidence de Josip Broz Tito engagé en faveur de la décolonisation, puis à la suite de cette entrée ratée dans l’ère mondialisée, les lieux montrés dans le documentaire semblent en suspens dans une histoire ancienne telle une encyclopédie poussiéreuse qui traîne sur une tablette de la bibliothèque familiale. Le modeste regain touristique pour cette région va-t-il compenser l’exode des jeunes vers des pays à l’économie plus florissante?
À Medjugorje, des chrétiens de tous les pays se rendent dans ce petit village isolé pour faire un pèlerinage religieux.
À Visoko, les pyramides sont des formations géologiques naturelles étudiées par des équipes internationales de scientifiques.
À Visegrad, les habitants renouent avec les atouts de leur ville : la rivière Drina et son pont décrit par le prix Nobel de littérature, Ivo Andrić.
À Tuzla, les convictions antifascistes sont toujours célébrées.
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