Un peu partout dans le monde, des records de chaleur ont continué d’être battus cet été. Mais ne bat-on pas aussi des records de froid? Portrait d’une mesure méconnue du réchauffement.
Depuis les années 1970 aux États-Unis, le nombre de records de froid enregistrés décline tandis que le nombre de records de chaleur ne cesse d’augmenter. Dans l’édition 2017 du rapport d’une agence gouvernementale américaine appelé le National Climate Assessment, on montre que sur les 20 dernières années, 15 ont été le théâtre de plus de records quotidiens de chaleur que de records quotidiens de froid: un ratio de 3,5 pour un, note le site Climate Central dans une analyse de ces données.
Ce phénomène est aussi observable autour du globe. « 2018 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, avec des températures records dans de nombreux pays », a commenté dans un communiqué la secrétaire générale adjointe de l’Organisation météorologique mondiale, Elena Manaenkova. Ce qui n’empêche évidemment pas de battre d’autres records de froid ici et là, expliquait en août le Pr Robert Rohde, de l’organisation Berkeley Earth: « Plusieurs personnes ont demandé s’il y avait aussi des records quotidiens de froid pendant cette période (mai à juillet 2018). Bien sûr qu’il y en a eu! Mais au cours de cette période, les records quotidiens de chaleur étaient plus de trois fois plus fréquents que les records quotidiens de froid. »
Selon lui, en Europe, « les nouveaux records de chaleur sont devenus plus fréquents et surpassent de loin les nouveaux records de froid. Dans les années à venir, il pourrait y avoir 10 ou 20 records de chaleur pour chaque record de froid. »
En utilisant les records de froid comme preuve de l’inexistence du réchauffement climatique, les climatosceptiques font l’amalgame entre météo et climat. La météorologie est la science qui s’inquiète du temps qu’il fait sur une zone réduite et une durée limitée (de la journée à la semaine). La climatologie, elle, étudie les phénomènes de grande ampleur géographique et temporelle.
Or, partout sur la planète, le climat est en train de changer. La somme de ces changements penche davantage vers le réchauffement : s’il n’y avait pas de réchauffement, les totaux s’équilibreraient. « En regardant les ratios entre records de chaleur et de froid en Europe, nous avons constaté que les années avec plus de records de chaleur que de froid, sont de plus en plus courantes. Les années avec plus de records de froid que de chaleur, sont rares. » Tweetait le Pr Robert Rohde. « Ce n’est pas un scénario futur. Cela se produit maintenant », insiste Elena Manaenkova.
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