Imaginez-vous en plein cœur d’un quartier inconnu. Votre cellulaire est à plat, votre voiture est en panne, et vous cherchez désespérément le garage le plus près. Des passants tentent de vous venir en aide, mais leurs indications sont contradictoires. L’un deux semble venir du coin et parle d’un ton nonchalant, tandis que l’autre, visiblement sûr de lui, parle haut et fort, mais a un accent à couper au couteau. Auquel des deux ferez-vous confiance?
D’après une étude récente, dont a fait état mardi l’Université McGill, la personne qui s’exprime avec un accent aura plus de mal à gagner votre confiance, à moins qu’elle parle d’un ton assuré. Et ce n’est pas tout: votre décision de lui faire confiance ou non mobilisera des régions différentes du cerveau selon que vous percevez votre interlocuteur comme un individu « intragroupe » ou un individu « hors groupe » (par exemple, un locuteur d’un autre groupe linguistique ou culturel).
« Il doit y avoir autour de deux milliards de personnes dans le monde dont la langue seconde est l’anglais, et nous sommes nombreux à vivre dans des sociétés multiculturelles. Pour déterminer si un interlocuteur différent de nous est digne de confiance, nous l’observons de très près et nous prêtons attention à sa voix. Notre objectif ici était de mieux comprendre comment nous prenons cette décision en nous fiant uniquement à sa voix », explique ainsi Marc Pell, professeur à l’École des sciences de la communication humaine de l’Université McGill et principal auteur de l’étude.
Toujours selon l’université, les chercheurs ont constaté qu’en règle générale, les individus affichent un préjugé favorable envers les personnes de notre groupe; par le fait même, l’accent complique l’évaluation de la crédibilité d’un interlocuteur. Autre constat : les régions cérébrales qui s’activent lors de ce processus décisionnel ne sont pas les mêmes selon que l’interlocuteur est une personne « intragroupe » ou « hors groupe ».
Dans ce dernier cas, en effet, le cerveau doit effectuer des opérations supplémentaires pour résoudre le conflit entre le préjugé défavorable causé par l’accent (méfie-toi!) et la grande assurance qui se dégage de l’interlocuteur (il semble savoir de quoi il parle…).
L’assurance, gage de crédibilité
Cela dit, les chercheurs ont également découvert que si un interlocuteur ayant un accent régional ou étranger parle d’une voix très assurée, ses propos seront jugés aussi crédibles que ceux d’un locuteur natif.
« J’en conclus donc qu’à l’avenir, j’aurai sans doute intérêt à parler d’un ton très assuré pour qu’on ajoute foi à mes propos, quelle que soit la situation », lance Xiaoming Jiang, lui aussi auteur principal de l’étude. Notons que l’anglais est la langue seconde de cet ancien boursier postdoctoral à l’Université McGill, aujourd’hui professeur agrégé à l’Université Tongji. « Les personnes qui ont un accent devraient prendre bonne note de ce constat, qui pourrait les servir dans tous les aspects de leur vie, notamment au travail, dans les études ou devant la justice. »
Non, une étude n’a pas conclu qu’un verre d’alcool, c’est déjà trop
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