Insupportable: voilà ce qui vient à l’esprit du cinéphile moyen lors du visionnement de Burn Out ou La Servitude Volontaire, le plus récent film de Michel Jetté. Le cinéaste responsable d’Hochelaga et d’Histoire de Pen livre ici une charge plus que molle contre le capitalisme sauvage.
Michelle et Louis forment un couple qui bat de l’aile depuis belle lurette. Elle aspire à devenir directrice d’une succursale bancaire en bordure d’autoroute, lui peine à suivre le rythme des changements technologiques dans son emploi de réparateurs de systèmes de télécommunications.
Les deux individus, forcément, sont endettés jusqu’au cou. Arrive la soeur de Michelle, qui désire vendre son auberge; c’est là la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà plein à ras-bord.
On le comprendra, Jetté s’attaque ici à l’idée de faire de l’argent pour faire de l’argent. Faut-il absolument occuper un poste médiocre et abrutissant pour assurer son train de vie? Est-il nécessaire d’avoir la grosse maison, le cabanon, les vacances de luxe, voire décider d’acheter une propriété sur un coup de tête pour être heureux, dans la vie?
La réponse est non, bien entendu, et les toutes premières minutes du nouveau film de Michel Jetté répondent largement à ce questionnement avancé à répétition depuis déjà plusieurs années.
Qu’on souhaite de nouveau brasser la cage d’une classe moyenne engourdie par les promesses d’une vie meilleure si l’on consomme suffisamment, passe encore. Mais qu’on tente de réveiller les consciences en s’y prenant aussi gauchement, il y a une marge.
Horriblement monté, mal joué, avec des effets visuels douteux, des ajouts de citations en Comic Sans MS et un scénario qu’on voit venir à toute vitesse, Burn Out est soit un film franchement raté, une tentative moralisatrice ressemblant à quantité de réflexions pseudo-philosophiques déjà vues mille fois par le passé, soit un film d’une subtilité telle que l’on en perd le sens plus profond.
Ajoutez à cela un service de diffusion en ligne qui entraîne une lecture saccadée à toutes les deux ou trois minutes – des circonstances certainement hors du contrôle du réalisateur, mais particulièrement agaçantes malgré tout -, et vous obtenez une expérience cinématographique qui est franchement à oublier.
Quant à la morale, elle se tient toujours, bien entendu: consommez moins, trouvez un travail qui vous plaît et qui vous permet de vous accomplir, recherchez du plaisir dans les petites choses. L’objectif est audacieux, mais la lutte en vaut la peine.