La maison de disques Analekta vient de faire paraître un coffret un peu inusité, intitulé Aux frontières de nos rêves. En effet, associer Maurice Ravel, Nikolaï Rimski-Korsakov et Walter Boudreau, voilà qui n’est pas très conventionnel.
Ce qui est moins surprenant, cependant, c’est de confier à Alain Lefèvre la partition de piano du Concerto de l’asile, la création toute neuve de Boudreau. À l’écoute de cette œuvre inspirée d’une valse déjà connue à nos oreilles, on reconnaît des influences de Gershwin et d’André Mathieu. Comment s’étonner alors que Lefèvre navigue dans ces eaux comme un vieux loup de mer? On écoute, on écoute de nouveau et on ne sait plus si on doit dire « C’est du Boudreau » ou « C’est du Lefèvre ». La seule certitude qu’on puisse avoir c’est que cet enregistrement mérite une place bien en vue dans toute bonne discothèque.
Bon, il n’y a pas que du Boudreau dans ce coffret mais aussi du Ravel: Pavane pour une infâme défunte et du Rimski-Korsakov: Shéhérazade. Tout ça sous la baguette d’Alexander Shelley qui est à la tête de l’Orchestre du Centre national des arts. Du Ravel, on peut dire qu’il est soyeux, subtil et sans surprise. Du Shéhérazade, on dira plutôt qu’il est dépeint dans une palette de sonorités extrêmement variées. À tout moment, au détour d’une portée, on est gentiment surpris et réjoui par de petites touches d’originalité, des choix d’interprétation qui montrent que le chef est très habitué de la partition ou bien qu’il a passé beaucoup de temps à la potasser, à se l’approprier, à la mettre à sa baguette.
Séparément, le Boudreau et le Rimski-Korsakov justifient la production de cet album. Les deux ensemble, c’est une aubaine.
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