Cela fait maintenant 10 mois qu’une invasion d’algues rouges ronge les côtes du sud de la Floride, tuant oiseaux et tortues marines, et rendant certaines plages carrément toxiques pour les humains.
Les algues rouges ou « marées rouges » — dangereuses pour la santé, à ne pas confondre avec les algues bleues-vertes — ne sont pas une rareté en Floride: des témoignages en font état dès le XVIIIe siècle, d’ordinaire à la fin de l’été ou au début de l’automne. Tout dépendant de la densité de ces formes de vie microscopiques, l’eau prendra une teinte plus ou moins rougeâtre. Mais une « invasion » qui est aussi longue pose des questions: est-ce voué à devenir plus fréquent? Faut-il encore blâmer le réchauffement climatique, la pollution, ou les deux?
Si on sait en effet que les éclosions d’algues bleues-vertes un peu partout dans le monde — des rivages des océans jusqu’à l’intérieur des lacs — sont causées par un mélange de températures plus chaudes et de nutriments déversés dans l’eau par nos engrais, les causes de ces éclosions d’algues rouges toxiques sont moins claires. Certains experts évoquent la possibilité que, à l’instar des invasions d’algues bleues, les algues rouges ne « durent » pas plus longtemps qu’avant, mais que leurs séjours soient plus intenses: un biologiste marin de l’Université de Miami interrogé par le New York Times affirme qu’elles sont « 15 fois pires » qu’il y a 50 ans.
La côte du Pacifique en avait connu une, en 2015, qui avait couvert un territoire particulièrement étendu, du nord de la Californie jusqu’à la Colombie-Britannique — le fait qu’elle s’étende aussi loin au nord était d’ailleurs une autre rareté.
Chose certaine, le bilan sera élevé en Floride: les autorités locales recensent plus de 300 tortues marines dont le décès, depuis janvier, pourrait être attribué à l’ingestion de cette algue, et au moins 115 lamantins — un mammifère marin herbivore devenu emblématique de la Floride — contre 67 l’an dernier.