La réputation du groupe français de musique électronique Justice n’est plus à faire. Digne héritier de la French Touch, ayant reçu le flambeau de la part de Daft Punk, le duo présente ici son troisième album concert Woman Worldwide, après autant d’albums studio. Et le résultat? Satisfaisant, voire bien agréable, mais sans plus.
L’extraordinaire Cross a eu droit au tout aussi fantastique A Cross The Universe; Audio, Video, Disco a été suivi d’Access All Arenas, et voilà donc que Woman, paru en 2016, obtient lui aussi son complément, deux ans après la sortie de l’album qui l’a inspiré. Bien sûr, avec le temps, Justice a eu l’occasion de bonifier son offre musicale live: le duo a maintenant trois albums dans lesquels piger, sans compter les autres influences, qu’il s’agisse de Daft Punk, ou encore d’autres formations – voire même d’artistes largement éloignés du monde de la musique électronique.
Il ne fait d’ailleurs aucun doute que Justice maîtrise parfaitement bien l’art du mélange musical, la technique du mash-up. Ajoutez à cela un talent certain pour les sonorités chaudes, le travail de composition abouti, et vous obteniez, avec Woman, un album probablement aussi bon que l’irrévérencieux Cross, premier disque du groupe.
Et donc, avec trois albums comme autant de sources où puiser du matériel, qu’ira-t-on chercher pour concocter ce Woman Worldwide? Des pièces de Woman, bien entendu, album moins tranquille, moins lounge qu’Audio, Video, Disco, mais aussi des titres des deux premiers albums. Les gars de Justice s’amusent un peu, d’ailleurs, en injectant entre autres une bonne dose d’électronique pur et dur dans une version de Chorus délirante qui évoque largement la folie d’A Cross The Universe.
Difficile, également, de passer à côté de la reprise d’Alakazam croisée avec Fire qui donne franchement envie de se trémousser. C’est d’ailleurs avec des montages du genre qu’on retrouve le meilleur aspect de Justice, celui de la débauche un peu trash des premières années. Le film de la tournée A Cross The Universe, avec ses bagarres d’hôtel et ses armes à feu en plein road trip aux États-Unis, témoigne d’ailleurs de cette ambiance parfois un peu trop intense qui se dégageait, à l’époque.
Avec tout ça, malheureusement, force est d’admettre que Woman Worldwide demeure trop consensuel pour son propre bien. On se souvient, justement, des 11 minutes de la version concert de Phantom Part II d’A Cross the Universe, des spectateurs qui gueulaient à en perdre la voix dans la salle de spectacles de San Francisco où le tout a été enregistré… Et sur ce Woman Worldwide, les pièces les plus prenantes sont d’ailleurs tirées de la première offre live du groupe.
Est-ce à dire que les amateurs de Justice devraient passer leur tour? Pas tout à fait: Woman Worldwide demeure un disque absolument écoutable, voire fort agréable par certains moments. On aimerait peut-être simplement que la pâte lève un peu plus, que l’on ait davantage envie de laisser tomber ce que l’on faisait pour simplement danser.
À écouter malgré tout. Parce que c’est Justice, tiens, et que Justice semble bien incapable de produire autre chose que de la bonne, voire très bonne musique!
2 commentaires
Le fait est que c’est à écouter en live, où la dimension du spectacle (lumineux, scénographique et chorégraphique) modifie (bonnifie) largement l’album. Difficile de donner une appréciation à l’album si l’on n’était pas présent à un concert où cette setlist a été mixée au milieu de stroboscopes.
Comment comprendre la portée du Stress to Love SOS lorsque l’on a pas bouffé 6min de lumières rouges oppressantes avant d’entendre la sirène d’alarme, puis le SOS d’amour.
Comment comprendre la puissance du We Are Your Friends quand on n’a pas vu les 10min de pause en plein milieu de concert après Waters of Nazareth avec le Duo figé tout du long sur des poses rendant hommage à Michael Jackson ?
Comment comprendre, lorsque l’on n’a pas vu ?
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