Les événements extrêmes liés aux changements climatiques peuvent nuire à la restauration des sites miniers et compliquer le traitement des polluants, en plus de faire courir le risque d’une rupture des digues de parcs à résidus. Quelques-unes des catastrophes environnementales que l’industrie cherche à éviter…
Plus adaptés au climat actuel qu’aux changements à venir, les sites miniers n’ont donc pas d’autres choix que de s’adapter: « Nous ignorons ce qui va se produire à l’horizon 2100. Face à plus de pluies, de chaleur et moins de gel, il faut trouver les meilleures solutions », déclarait Émilie Bresson lors de sa présentation au Symposium sur l’environnement et les mines organisé à la fin de juin par l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).
Dans le cadre de son postdoctorat à cette université, l’étudiante s’est intéressée aux projections climatiques pour trois sites miniers de la région de l’Abitibi-Témiscamingue (Lorraine, Doyon-Westwood et Canadian Malartic).
En intégrant, dans des simulations numériques, les données climatiques des projections du consortium de recherche Ouranos, elle a voulu analyser l’efficacité de deux techniques de restauration de ces sites: la « couverture avec effets de barrières capillaires » et le « recouvrement monocouche des résidus miniers à risque ». Ces deux techniques visent à bloquer le contact des résidus avec l’oxygène pour empêcher l’acide sulfurique, un dangereux poison, de se former dans les parcs de résidus.
« C’est sûr que le design des parcs est adapté à chaque site, mais il y a moyen d’améliorer les choses pour éviter les problèmes de dégel de la couche isolante et la création de ce drain acide », explique l’étudiante.
Situé près de Val-d’Or, le site Manitou a contaminé depuis des décennies la nature environnante. Cette ancienne mine d’or et autres métaux avait fait l’objet d’une restauration partielle en 2009. Des chercheurs de l’UQAT en ont récemment étudié l’efficacité à l’aide de simulations numériques et de 13 stations de mesures sur le terrain. Leur étude est parue en mars dans la Revue canadienne de géotechnique. « Nos travaux ont montré que 5 ou 6 techniques disponibles pouvaient être combinées et donner de bons résultats », résume Bruno Bussière, titulaire de la Chaire industrielle CRSNG-UQAT sur la restauration des sites miniers.
Reste que « la restauration des sites est une science jeune. Si on juge le passé, on peut être sévère. Chaque cas est différent et l’important est de trouver la bonne solution qui résistera dans le temps. » Et les changements climatiques amènent leur lot d’inconnues à l’équation.
La responsabilité à long terme des mines
Le symposium, qui se tient aux trois ans, portait notamment sur la responsabilité à long terme des minières, c’est-à-dire bien au-delà de la fermeture des sites.
« Aujourd’hui, comme les citoyens sont plus conscients et que les informations circulent plus, il y a de la pression sur l’industrie minière pour discuter des enjeux autour de la restauration », souligne le président du comité organisateur du symposium, Denis Bois.
Les propriétaires de mines ont en fait l’obligation de restaurer les sites exploités et doivent déposer un plan de restauration avant même leur exploitation. Le gouvernement québécois s’est par ailleurs engagé à restaurer les sites abandonnés — une restauration alors financée à même les fonds publics — qui peuvent présenter des risques pour l’environnement et la santé humaine.
À ce jour, la province compte 700 sites miniers abandonnés. Cet héritage toxique représente une énorme facture. « Idéalement, il ne faudrait plus qu’un hectare contaminé revienne au gouvernement, ce sont les minières qui doivent prendre en charge les terrains exploités. Le gouvernement doit toutefois se donner les moyens d’évaluer correctement les plans de restauration », allègue M. Bois.
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