Un nouveau venu dans l’écriture, Jean Brodeur, publié chez Hurtubise, se lance dans rien de moins qu’une saga pour son entrée dans le monde littéraire. Sur plus de 500 pages de ce premier tome intitulé Vers la Nouvelle-France – Le survivant, il décrit le sort d’un Français, rescapé d’une expédition malheureuse en Nouvelle-France et emprisonné par la suite à Saint-Malo, pour des raisons obscures.
En 1588, dans le contexte où les armateurs malouins cherchent à accaparer le prometteur marché des fourrures en Canada, l’auteur dépeint la vie économique, sociale et religieuse des habitants de Saint-Malo. Solidement documenté, Brodeur décrit bien comment la ville de Saint-Malo tenait à son indépendance et à son accès aux ressources accessibles par la mer. Il raconte une communauté où vivaient en harmonie une majorité catholique et une minorité protestante, avant que des fanatiques religieux catholiques viennent inciter à la violence contre les partisans de la réforme.
À travers le récit, on peut suivre, non seulement l’incarcération et le récit du périple de Dreux en Canada, mais aussi les réflexions et les remises en question d’une novice, d’un chanoine, d’un gardien de prison et de quelques autres personnages dont la psychologie est plus ou moins fouillée, mais plutôt crédible.
Le style choisi est peut-être un peu anachronique, car il relève d’une écriture comme on en trouvait à foison au 19e siècle, un peu à la Balzac. Mais il s’agit là, à mon avis d’un choix judicieux, car une écriture moderne n’eut pas rendu aussi bien le climat que l’auteur a cherché à installer. Cependant, on aurait souhaité plus de concision dans la structure narrative. En effet, nombreuses sont les répétitions qui n’ajoutent rien au récit. Il aurait aussi été souhaitable que le dénouement soit moins convenu. Quand le jupon dépasse trop, on ne finit par voir que lui.
On ne peut pas dire que le prochain tome soit attendu avec impatience, mais s’il se présente avec un peu plus de concision, nous y verrons certainement un intérêt.