Même le magazine The Economist s’en mêle: l’éditorial de son dernier numéro pointe d’un doigt accusateur l’indolence des élites et des politiques face au climat, avec un titre des plus pessimistes: « Le monde est en train de perdre la guerre contre les changements climatiques. »
Le magazine britannique avait eu l’occasion, au fil des années, de se ranger à plusieurs reprises du côté des données probantes, plutôt que de l’idéologie: il a par exemple, il y a une décennie, rapidement souligné que le pseudo-scandale du climategate ne s’appuyait sur aucun fait digne de ce nom.
Mais fidèle à son nom, c’est toujours sur la base de l’économie et non de la science que le magazine a dénoncé cette indolence politique, et le dernier éditorial ne fait pas exception: « Alors que l’impact des changements climatiques devient encore plus évident, il en est de même de l’ampleur du défi devant nous. Trois ans après que les pays aient fait le vœu, à Paris, de limiter le réchauffement sous les deux degrés par rapport aux niveaux pré-industriels, les émissions de gaz à effet de serre sont encore à la hausse. Ainsi que les investissements dans le pétrole et le gaz… Les subventions pour les énergies renouvelables sont en baisse en plusieurs endroits. Il est tentant de croire que ce ne sont que des revers temporaires et que l’humanité, avec son instinct de préservation, va faire son chemin vers une victoire contre le réchauffement climatique. En réalité, elle est en train de perdre. »
Le seul point positif est que l’opinion publique, elle, prend conscience du problème, et qu’un nombre croissant de gens réclame de l’action dans le dossier climatique, y compris aux États-Unis, et jusqu’à l’intérieur du parti républicain. Mais en parallèle, la demande en énergie continue de croître, spécialement en Asie, avec pour résultat que les carburants fossiles, parce qu’ils sont « plus faciles à brancher sur le réseau » sont un puissant incitatif à ne pas bouger. « Plus un pays consomme des carburants fossiles, plus il lui est difficile de s’en sevrer ». Et quand The Economist parle d’un « pays », il parle en fait de ses plus puissantes industries et de ses plus puissants lobbys : « l’acier, le ciment, l’agriculture, le transport et autres formes d’activités économiques, représentent plus de la moitié des émissions de carbone ».
Pourtant, « la planète n’est pas en panne d’idées pour atteindre les objectifs de Paris »: plus de 70 pays ou régions, responsables pour un quart des émissions, imposeraient désormais un prix sur le carbone. Et c’est sans compter tous les endroits où on travaille à produire de l’acier ou du ciment plus « verts », des réseaux électriques moins énergivores… Mais rien de tout cela, conclut l’éditorial, ne suffira « tant que l’apathie climatique ne sera pas attaquée de front ». Et quoi qu’ils fassent, les pays occidentaux devront accepter de devoir vivre sous encore plus de canicules et à proximité d’encore plus d’incendies, comme cet été.
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