Le prolifique écrivain Parker Bilal, le nom de plume de Jamal Mahjoub, vient de publier le quatrième tome des aventures du détective soudanais Makana. Toujours installé dans la capitale égyptienne, le privé se retrouve cette fois lié à une sombre affaire de trafic d’oeuvres d’art sur fond de Deuxième Guerre du Golfe.
Pendant que les Américains sont à l’oeuvre en Irak, si l’on peut dire ainsi, l’un des responsables de l’armée de Saddam Hussein trouve refuge au Caire. Et avec lui se trouverait un trésor inestimable: des toiles de maîtres et des bijoux pillés à Koweit City lors de la Première Guerre du Golfe.
Voilà donc le détective embarqué dans une chasse à l’homme mortelle, où les témoins et les amis sont menacés, qui par la sécurité égyptienne, qui par des mercenaires, ou encore par des éléments des forces américaines. Au milieu de tout cela, Makana tente toujours de retrouver sa fille, disparue mais potentiellement toujours vivante, tout en se comportant de la façon la plus adroite possible pour tirer son épingle du jeu, habituellement sans devoir tirer un seul coup de feu, ni même avoir une arme en sa possession.
S’il est toujours agréable de retrouver ce sympathique personnage installé dans sa péniche quelque peu laissée à l’abandon, en compagnie de son chauffeur, Sinbad, et de tous les autres individus colorés qui agrémentent son quotidien, ce Caire, toile de fond donne hélas l’impression que Makana agit ici comme un participant secondaire à sa propre enquête. Engagé pour retrouver ce militaire irakien que l’on dit excessivement dangereux, il est trimbalé d’un endroit à un autre, placé devant des situations dramatiques, mais à propos desquelles il n’aura que peu ou pas d’influence.
Autour de lui se poursuit ainsi l’incessant ballet qui mènera le lecteur jusqu’à la fin du livre, et à une conclusion qui semble forcée. On taira ici les détails de la chose, mais l’auteur semble avoir eu de la difficulté à conclure son aventure policière sans impacts à long terme. Il fait bon de se demander, d’ailleurs, pourquoi le tout dégage une impression de fin d’épisode d’une télésérie policière où le héros résout le crime en 22 ou 42 minutes, juste à temps pour le générique de fin et les publicités qui suivront.
Il ne faut toutefois pas croire que Le Caire, toile de fond soit mal écrit, ou que l’auteur ait perdu de sa verve. Mais force est d’admettre que l’on demeure un peu sur notre faim, surtout après le télescopage de tant de personnages puissants, d’enjeux de grande importance, etc.
Difficile de recommander ce nouveau roman de Parker Bilal, paru chez Seuil. Les amateurs de la série y trouveront peut-être leur compte, mais ne risquent pas d’en garder un souvenir impérissable.
Le Caire, toile de fond, de Parker Bilal. Paru chez Seuil. 414 pages.