Le premier tome d’Aubépine, la nouvelle série signée Karensac et Thom Pico, invite les jeunes lecteurs dans un univers charmant et légèrement décalé, en compagnie d’une héroïne juste assez impertinente, mais pas trop…
Comme sa mère ornithologue tente de prévenir les ravages causés tous les quinze ans par une migration d’oiseaux tueurs détruisant tout sur leur passage, Aubépine, une petite citadine adorable (quoiqu’un peu insolente), est obligée de déménager dans un « trou perdu à la montagne » avec sa famille. Convaincue que « tout est moche » et qu’il n’y a rien d’intéressant dans le coin, la fillette changera rapidement d’idée lorsqu’au cours de ses promenades en forêt, elle découvre une vieille bergère, des monstres, et un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux. Si Aubépine est trop jeune pour savoir que les djinns sont souvent de mauvais farceurs, elle l’apprendra à ses dépens, alors que ses souhaits se retourneront un par un contre elle.
Je n’ai pas d’enfants, mais on dirait que la pire chose qui puisse leur arriver de nos jours, c’est d’être forcé de vivre à la campagne avec une connexion Internet lente. Même si cette prémisse est souvent utilisée dans la littérature jeunesse (et bien que les histoires de mauvais génie ne datent pas d’hier), Aubépine réussit pourtant à se démarquer, en créant un monde à la fois adorable et saugrenu, où un chien parlant avoue qu’en général, il rêve de « carcasses d’écureuils », où des monstres sont vexés que les gens s’enfuient en les voyant, où des oiseaux migrateurs piquent une colère meurtrière contre la civilisation qui les empêche de se reproduire, et où un génie a été baptisé « saligaud » par d’éternels mécontents souhaitant se venger.
Illustré dans un style assez épuré, Aubépine est un bel album, et les dessins de Karensac ne sont pas sans rappeler la facture graphique de la série Adventure Time, une impression renforcée par le côté légèrement décalé du récit et l’humour parfois un peu bizarre de l’auteur Thom Pico. D’un trait économe, presque minimaliste, l’illustratrice trace des personnages craquants aux formes arrondies, qui sont très expressifs même s’ils n’ont souvent que deux points en guise d’yeux. Avec seulement quelques lignes bien placées, Karensac parvient à esquisser des forêts ou des paysages montagneux saisissants, et cette signature visuelle, très proche du graphisme, est à la fois naïve, efficace, et vraiment mignonne.
Si vous cherchez une bande dessinée jeunesse aussi adorable qu’étrange, remplie d’humour et de personnages attachants, le premier tome de la série Aubépine, intitulé Le génie saligaud, a tout pour exaucer vos désirs de divertissement…
Aubépine, de Karensac et Thom Pico. Publié aux éditions Dupuis, 104 pages.
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