Qui n’a jamais rêvé de régler tous les problèmes liés à la congestion automobile? Qui n’a jamais voulu d’un monde où les voitures et les camions circulent automatiquement sur les autoroutes, sous l’oeil bienveillant d’un puissant algorithme? Mais que se passerait-il si ce système était piraté? L’auteur J. Luke Bennecke creuse le sujet dans son roman Civil Terror: Gridlock.
Jake Bendel vit un cauchemar. En tant que principal architecte du système de conduite autonome mis en place en Californie, il aurait dû pouvoir se reposer un peu sur ses lauriers. L’ingénieur en génie civil se retrouve plutôt plongé dans une étrange conspiration où sa vie est constamment mise en danger. Avec l’aide d’agents du FBI et de ses amis, il tentera de faire la lumière sur cette sinistre affaire alors que les morts se multiplient.
Pour ce premier roman, la pomme ne semble pas être tombée bien loin de l’arbre. Non seulement M. Bennecke est-il ingénieur en génie civil de formation, mais il a fréquenté, comme par hasard, la même université que celle où s’est rendu son personnage principal.
Cela, on peut le pardonner à un auteur qui, comme bon nombre de ses condisciples, commence par écrire sur ce qu’il connaît. Les ficelles sont peut-être un peu trop apparentes, mais bon, laissons une chance au coureur.
Ce qui fonctionne (beaucoup) moins bien, toutefois, c’est le côté artificiel des interactions entre les personnages. Il est bien entendu nécessaire d’expliquer diverses choses pour offrir une base de connaissances générales sur lesquelles pour s’appuyer le récit, mais l’une des difficultés de l’écriture de fiction consiste justement à atteindre le délicat équilibre entre le déroulement de l’action et les moments où les personnages semblent se sentir obligés de prendre une pause pour permettre au public d’assimiler de nouvelles informations. Ici, tout semble prétexte à étaler le savoir de l’auteur.
Autre problème, les motivations des deux camps semblent quelque peu absurdes. D’un côté, il y a ces ingénieurs qui veulent maximiser le nombre de voitures qui circulent sur les autoroutes californiennes, bien connues pour leurs embouteillages monstres, surtout du côté de Los Angeles. Fort bien, mais avant d’investir des centaines de milliards de dollars, n’aurait-il pas été plus simple de développer le transport par train, par autobus et par métro? Autrement, confier un aspect aussi délicat de la société moderne que le transport automobile à un ordinateur, tout protégé soit-il contre les pirates, n’est-ce pas jouer avec le feu?
Ensuite, le méchant, le cerveau derrière les différentes « attaques » contre le réseau de transport, est si caricatural qu’il provoque pratiquement le malaise. L’individu en question est le fils d’un ancien pirate informatique poussé au suicide des suites de son crime, soit. Mais ce maître du Mal est aussi un chrétien poussé au terrorisme islamique parce que sa mère réprimait ses tendances homosexuelles?
Bref, avec tout cela, on finit par se lasser des péripéties de Jake Bendel après une centaine de pages, et on est plutôt allé puiser quelque chose d’autre à lire.
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