Si vous vous êtes déjà demandé comment Negan, le pire vilain de la série Walking Dead, est devenu aussi sadique et sans pitié, l’album hors série de Robert Kirkman, Charlie Adlard et Cliff Rathburn qui lui est dédié répondra à toutes vos questions.
Tout en mettant en vedette une infestation de morts-vivants menaçant la survie même de l’humanité, la force de Walking Dead (la bande dessinée comme la série télévisée) a toujours été de montrer que les monstres les plus terrifiants dans ce monde apocalyptique restent les hommes eux-mêmes. Durant un certain temps, la pire calamité pesant sur Rick Grimes et sa bande était le Gouverneur, l’infâme dirigeant de la communauté de Woodbury possédant un mur d’aquariums remplis de têtes coupées, mais il fût rapidement détrôné par un salaud particulièrement mal embouché et armé d’une batte de baseball qui deviendra l’un des plus iconiques méchants de toute la culture populaire des dernières années : Negan.
Robert Kirkman retrace les origines du meilleur vilain de Walking Dead à travers les pages de cet album hors-série. Sans trop dévoiler de l’intrigue, on y apprend quel métier Negan pouvait bien pratiquer avant la fin du monde, pourquoi sa batte de baseball enroulée de barbelés s’appelle affectueusement Lucille, et comment il est devenu le chef du redoutable groupe se faisant appeler les Sauveurs. Il est particulièrement intéressant de voir l’évolution du personnage, et assez déboussolant de le voir s’inquiéter du bien-être de ses compagnons d’infortune dans les premières semaines suivant l’arrivée de morts-vivants, avant de prendre en grippe les faibles et les peureux, et de devenir le dur à cuire qu’on connaît.
Puisque l’univers de Walking Dead est dominé par les zones morales grises, l’utilisation du noir et blanc est tout à fait appropriée. D’un trait chirurgical, Charlie Adlard livre des illustrations d’une incroyable intensité dramatique, et chacune de ses cases possède une qualité cinématographique et des angles de vue recherchés. Bien qu’il s’agisse d’images fixes, on sent bien le mouvement derrière chacun de ses dessins, et même sans avoir recours aux couleurs, il transmet à merveille le sang, les tripes et autres matières organiques associées aux zombies en putréfaction. Avec sa violence très graphique, la bande dessinée s’adresse évidemment à un public averti. De courts récits de quelques pages sur Michonne, Tyreese et le Gouverneur complètent l’album, ainsi qu’une sélection de couvertures en couleur.
En fournissant une histoire d’origine à la mesure de son célèbre antihéros, Walking Dead Negan prouve encore une fois que, malgré sa très grande qualité, les bandes dessinées sont plus intenses, plus adultes, et encore meilleures que la série télévisée.
Walking Dead Negan, de Robert Kirkman, Charlie Adlard et Cliff Rathburn. Publié aux Éditions Delcourt, 104 pages.
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