Les villes peuvent servir de laboratoire pour étudier et prédire les effets des changements climatiques, selon un recensement de travaux scientifiques effectué par l’Université d’État de la Caroline du Nord qui s’intéresse à l’impact de l’urbanisation sur les plantes et les espèces d’insectes.
Les villes présentent souvent plusieurs des effets envisagés des changements climatiques, y compris des températures plus élevées, une concentration plus forte en dioxyde de carbone, en plus de souffrir plus fréquemment de sécheresse. Certains de ces effets sont attribuables à des matériaux imperméables utilisés dans la construction de bâtiments, comme le béton et le verre, qui peuvent aider à créer des « îlots de chaleur urbains » et empêcher l’eau de s’infiltrer dans le sol.
Les expérimentations réalisées dans les villes possèdent également des avantages comparativement aux essais menés en laboratoire ou dans des pièces spéciales répliquant des températures plus élevées ou des conditions de sécheresse accrue. Après tout, les villes sont plus vastes que des salles expérimentales et des organismes comme des arbres ont vécu toute leur vie à des températures urbaines plus élevées, tandis que d’autres méthodes ne peuvent faire grimper la température que de façon temporaire.
Comme l’explique Steve Frank, professeur au département d’entomologie et de pathologie des plantes à l’Université d’État de Caroline du Nord, et coauteur d’une étude décrivant la recherche, des villes telles que Raleigh, en Caroline du Nord, démontrent clairement l’impact des îlots de chaleur sur les arbres et les abeilles. Dans certains cas, d’ailleurs, ces impacts correspondraient à l’effet du réchauffement climatique survenant dans des zones sauvages.
Des températures plus élevées signifient que les arbres sont moins résistants face aux insectes nuisibles. Quant aux abeilles urbaines mal adaptées à la chaleur, elles ont tendance à quitter ces îlots de chaleur pour s’établir dans des zones urbaines plus fraîches, ou en territoire rural. Cela veut dire que des plantes urbaines risquent d’être moins bien pollinisées.
« Nous devons cependant encore déterminer les circonstances dans lesquelles les villes sont effectivement de bons cas de figure pour les changements climatiques, et les moments où cela n’est pas le cas », mentionne M. Frank. « Les villes possèdent des caractéristiques uniques telles que les bâtiments et les voitures, qui pourraient agir comme variables venant compliquer les choses, et dont il faut tenir compte. De la même façon, les effets sur des organismes petits ou immobiles tels que les insectes et les plantes pourraient être différentes sur des oiseaux, par exemple, qui pourraient quitter une ville si celle-ci devient trop chaude. »
La plupart des études examinées ont été menées en Amérique du Nord et en Europe. Pour Steve Frank, d’autres travaux doivent être effectués en Afrique et en Asie, où la biodiversité pourrait être affectée différemment.
« Les villes pourraient représenter un débouché prometteur pour les études sur le climat, et aider à prédire quelles espèces élargiront leur territoire ou devenir nuisibles en fonction du réchauffement climatique, et quelles espèces pourraient se retrouver en danger », poursuit M. Frank. « Ces informations aideront les gens impliqués dans la préservation et la conversation environnementale à mettre au point des plans de protection. »
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