Le groupe britannique Radiohead approche lentement mais sûrement de la barre des 30 ans de carrière, mais force est d’admettre que la formation dirigée par Thom Yorke sait encore y faire pour satisfaire les mélomanes, y compris ceux réunis lundi soir au Centre Bell, à Montréal.
Disons-le tout de suite: l’acoustique du Centre Bell n’a jamais été bonne. Potable, peut-être, tout au plus, comme ce fut le cas lors du passage de Daft Punk, il y a déjà une décennie. Autrement, ce bâtiment rappelle sa fonction primaire: accueillir des matchs de hockey. Et les techniciens auront beau effectuer tous les tests sonores inimaginables, on retrouvera toujours ce petit côté caisse de résonance en béton, surtout si l’on est installés plus loin de la scène.
Les amateurs voulaient toutefois leur dose de Radiohead, et dose ils ont eue: avec force effets lumineux et scéniques, voilà nos gaillards lancés sur une série de pièces tirées bien sûr du plus récent album, A Moon Shaped Pool, sorti en 2016, mais aussi extirpées de tous les autres titres depuis O.K. Computer, qui signala la consécration du groupe en 1997, à l’exception d’Amnesiac (2001).
Avec 2h30 au compteur pour ce concert du lundi soir, impossible de nier que les gars de Radiohead ont encore l’énergie des premières années. La voix de Thom Yorke a certes commencé à faiblir en toute fin de parcours, lors de l’ultime rappel, mais autrement, la performance scénique fut superbe. Autrement, on enchaîne les pièces – connues et moins connues -, on adresse quelques mots en français à la foule, et l’on semble s’amuser fermement sur scène.
Dans les gradins, la foule est conquise d’avance. Entassez près de 15 000 amateurs dans une même pièce, et il est tout à fait normal que l’on s’extasie parfois pour un rien.
Mais qu’en est-il du concert en lui-même? Radiohead semble avoir tenté d’atteindre un certain équilibre entre les pièces plus dansantes et les morceaux plus contemplatifs. Peut-être également une concession aux classiques, plus rock, plus sales, comparativement aux titres plus récents et plus planants. Et le résultat est… satisfaisant, sans plus? Ce n’est pas, ici, la qualité des pièces qui est en cause, mais plutôt leur agencement. D’un morceau à l’autre, on donne dans le plus rythmé, puis dans le plus éthéré, sans jamais vouloir réellement transposer l’excitation provoquée par la fantastique version quasi-électronique d’Everything in Its Right Place, par exemple, sur la chanson suivante. Dans les gradins, ça se lève, ça s’assied… tout cela à répétition, avec l’impression qu’il manque un petit quelque ch0se, un point d’orgue à l’ensemble.
Et en toute fin de concert, Thom Yorke attrape sa guitare acoustique et entonne Karma Police. (Presque) tout est pardonné, on a superbement joué l’un des très grands classiques du groupe, et les spectateurs peuvent rentrer chez eux dans la nuit moite, heureux d’avoir passé quelques heures avec l’un des groupes les plus iconiques du dernier quart de siècle.
Avis aux amateurs, le groupe offre une deuxième prestation mardi soir.
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