Si les araignées parviennent à se déplacer à des centaines de kilomètres par la voie des airs, c’est en utilisant les champs électriques présents dans l’atmosphère, avance une récente étude.
Alors que les araignées ne possèdent ni ailes ni hélices, comment font-t-elles pour se transporter si loin? Ce qui intriguait déjà le jeune Darwin, alors que le navire Beagle était pris d’assaut par des milliers de petites araignées rouges à plus de 100 kilomètres de la côte argentine, trouve enfin une explication.
Jusqu’alors, il était commun de penser que le vol des araignées s’expliquait par un phénomène aérodynamique nommé « montgolfière » ( ballooning ), une sorte de locomotion passive où l’araignée se laisse transporter par un courant d’air puissant agrippée au fil de soie issu de son abdomen.
Mais alors comment s’envolent les araignées, en l’absence de vent, par temps pluvieux et orageux. L’explication apportée par l’équipe de recherche britannique s’avère aujourd’hui plus subtile et complète.
Les araignées détectent l’électricité dans l’air grâce à un système sensoriel placé sur leurs pattes. Les vibrations électriques de l’air excitent les fines et longues soies (trichobothries) de leurs pattes et les aident à décoller du sol.
Les chercheurs ont fait cette découverte après avoir généré un champ électrique autour d’araignées placées dans une boîte de plastique : les petites soies de leurs pattes se redressaient — un peu comme lorsqu’on frotte un ballon sur les cheveux. Les araignées se mettaient alors sur le bout de leurs pattes pour pointer leur abdomen dans les airs, tout comme elles le font lorsqu’elles s’apprêtent à s’envoler. Lorsque les chercheurs coupaient le courant électrique, les araignées interrompaient ce comportement.
Les champs électriques sont présents dans l’atmosphère, même en l’absence d’orage. Ils poussent les araignées à prendre leur envol et les portent sur une distance bien plus grande qu’un simple courant d’air. L’explication tient alors de la physique: le sol, tout comme le fil de l’araignée, possèderait une charge électrique tandis que l’air, chargé par les nombreux orages, en aurait une autre.
Ce gradient potentiel atmosphérique varie suivant l’altitude et les conditions météorologiques. L’atmosphère terrestre ressemble ainsi à un vaste circuit électrique sur lequel les araignées s’appuient pour se propulser grâce à la répulsion électrostatique.
Les chercheurs n’écartent pas cependant l’importance des courants d’air dans la propulsion aérienne des araignées. Ils ont remarqué que les araignées tendent aussi leurs pattes munies de ces petits poils pour juger la vitesse du vent et sa direction.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/07/11/les-romains-chassaient-ils-les-baleines/