Avec une approche sensuelle splendide, la cinéaste Mélanie Laurent nous révèle les détours d’un couple plus ou moins prêt à l’arrivée d’un enfant dans le film Plonger (2017) à l’affiche depuis le 6 juillet.
Instant érotique abrupte à l’intérieur d’une voiture quelque part dans les montagnes sur les rives méditerranéennes: le film s’ouvre sur les balbutiements raccommodés par la passion insatiable des premiers moments d’une liaison amoureuse entre Paz et César. L’ouverture enivre par les sauts d’un instant à l’autre, un montage d’images d’extase vécu dans un paysage sublime reflétant cet amour naissant. La mer finit par s’apaiser avec la routine qui s’installe au quotidien sans toutefois perdre sa densité aqueuse et les courants marins qui transcendent cette déesse venue des eaux.
Photographe d’art d’origine espagnole, Paz aime errer à travers les gens, en compagnie de marginaux ou dans la nature afin de s’inspirer et prendre des clichés sur le volet. Alors que César, Français plus vieux qu’elle, s’est recyclé en journaliste culturel pour oublier un passé de reporter à l’étranger couvrant des enjeux dans des zones dangereuses. Lui, il redoute à traverser la mer méditerranée, tandis qu’elle n’a pas d’objection à s’y rendre si sa curiosité la guide sous des soleils despotiques. Ainsi, l’intersection où se trouve leur existence respective permet leur rencontre, mais ce croisement est également ce qui se dénoue dans leur relation.
Le couple va tout de même faire son nid pendant quelques années au point d’avoir un enfant, mais le film porte davantage sur le couple qui a un enfant que sur la naissance d’un nouvel être. D’ailleurs, il n’y a aucune planification à suivre. Le film ne semble pas structuré par un scénario pesant et une scénographie qui fixe les personnages dans leur identité. Ce qui n’empêche pas la justesse des échanges entre les amoureux plus non verbaux que dicibles. Tout est évoqué par ce qu’on voit à l’écran sans nécessiter que l’on y appose une grille d’analyse. L’œil est attisé, notre sens tactile est suscité avant la cognition redonnant ses lettres de noblesse au 7e art.
À un moment, le flottement qui nous berce depuis le début du film cesse. C’est César, jusque là plus en retrait, qui entre en scène. Lui, c’est un roc, il a fait le pacte éthique du journaliste pour rechercher les faits de sorte que le conventionnel rythme son existence. Il doit se rendre là où il ne veut pas aller pour retrouver le fruit de la renaissance de sa vie: la femme qu’il aime.
Ce revirement inattendu présente la nature comme un complément d’un récit humain, qui n’est pas sans rappeler le rôle de la montagne dans Force majeure (2015) de Ruben Östlund. Ceux qui ont été envoûtés par les plongées abyssales du film Le Grand Bleu (1988) de Luc Besson y verront un prolongement féminin. Bref, ce séjour outremer amène à s’interroger sur l’écart d’âge entre Paz et César. La volonté a ses limites.
Un plongeon dans un cinéma climatisé près de chez vous.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/07/04/ant-man-and-the-wasp-reduire-le-plaisir-pour-accroitre-lennui/