Gare à vous, les robots se révoltent! Provoqué à la fin de la première saison de la série Westworld, diffusée à la fin de l’année 2016 sur les ondes de la chaîne spécialisée HBO, ce soulèvement d’androïdes représentaient le point tournant de 30 ans de travaux de l’énigmatique personnage d’Anthony Hopkins. Dans la deuxième saison, ces créatures maintenant libérées des chaînes imposées par leurs créateurs tenteront de résoudre l’un des grands mystères de l’existence: qu’est-ce que le libre-arbitre?
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Après avoir habitué les téléspectateurs à des jeux d’esprit et à de minuscules indices permettant de mieux comprendre des phrases sibyllines, voilà que les réalisateurs, Jonathan Nolan et Lisa Joy, ont multiplié les lignes du temps pour provoquer un télescopage scénaristique. Rien de bien surprenant de la part de l’homme derrière Memento, après tout, mais cette facilité avec laquelle la deuxième saison de Westworld passe du présent au passé, puis au futur, a permis à la fois de simplifier et de compliquer les choses.
Sans vouloir donner trop de détails – et ainsi gâcher la sauce d’une histoire relativement bien ficelée -, Dolorès, personnage central de la première saison, reprend ici du service en tentant de mener un groupe d’androïdes « éveillés » à la Vallée de l’au-delà, un endroit quasi-mythique présenté comme la clé de l’émancipation robotique.
Au-delà de l’image de la terre promise, avec une androïde ayant « vu la lumière » et menant ses ouailles vers une vie meilleure, les créateurs de Westworld poursuivent leur réflexion sur la notion de libre-arbitre et des différences toujours plus ténues entre la conscience humaine, que l’on dit émerger de nulle part, et celle des robots, que l’on peut programmer. Ne sommes-nous pas tous, au bout du compte, que des instructions programmées dans une unité centrale, que celle-ci soit faite de silicone ou de matière grise?
Considérations métaphysiques mises à part, cette deuxième saison de Westworld force un peu la note en ce qui concerne la forte odeur de catéchisme qui flotte d’un épisode à un autre. Inondation en apparence divine, créateur et créature qui se ressemblent, nombreuses figures mythiques capables d’encaisser des coups pourtant mortels… On évoque peut-être un peu les notions d’animisme des Premières Nations, il n’en reste pas moins que Dolorès, bien campée au centre de l’histoire, a tout de l’ange vengeur.
Pour le reste, hé bien, Westworld est Westworld: les motivations des personnages semblent parfois inutilement compliquées et tordues, avec des plans si obscurs et abscons qu’ils ne peuvent aboutir qu’en raison du fait qu’ils se déroulent dans une logique hollywoodienne.
Cette deuxième saison n’est certainement pas mauvaise: on obtient enfin les réponses attendues depuis longtemps, parfois depuis le tout début de la série, et la fin porte à croire qu’une éventuelle troisième saison saura aisément reprendre le flambeau. Mais impossible de se débarrasser du sentiment qu’on a un peu étiré la sauce, histoire, justement, de se rendre à 10 épisodes. Trop simplifier le scénario aurait gâché la sauce; le résultat emberlificoté présenté par HBO est cependant la preuve qu’à vouloir trop en faire, on finit par s’égarer en chemin…
À voir, certainement. Mais à voir en ayant en tête que combiner action, philosophie et sentimentalisme aux accents religieux donne parfois des résultats fort surprenants.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/06/21/another-kind-of-wedding-rien-ne-va-plus-dans-le-vieux-port-de-montreal/