Cherchez l’erreur: en Alaska, parce que le pergélisol dégèle trop vite au goût de l’industrie pétrolière, celle-ci finance des entrepreneurs qui lui permettront de garder ce sol plus longtemps gelé, afin de pouvoir extraire plus de pétrole pendant plus longtemps.
L’utilisation de pétrole à travers le monde sera bien sûr, par la suite, la première cause de la fonte trop rapide du pergélisol dans l’Arctique. Mais c’est une partie de l’histoire qui ne semble pas préoccuper là-bas ceux dont les travaux sont financés par les pétrolières: « pour être honnête, les changements climatiques sont très bons pour notre compagnie », explique à la radio publique américaine Ed Yarmak, dont la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise Arctic Foundations, basée en Alaska, provient effectivement des compagnies installées sur le versant nord de l’État, le long de l’océan.
Sa compagnie vend des thermosiphons, un appareil dont les grands tubes, ailleurs sur le continent, auraient servi à faire circuler de l’eau chaude, par exemple pour le chauffage central d’un immeuble. Mais ici, ils servent plutôt de système de refroidissement pour garder le sol gelé… plus longtemps gelé.
Il faut savoir que les multinationales du gaz et du pétrole intéressées par les ressources enfouies sous l’océan Arctique doivent transporter leur équipement par des routes reposant sur la glace. Mais les printemps plus hâtifs et les étés qui se prolongent ces dernières années leur causent des maux de tête, d’autant plus que la loi, en Alaska, n’autorise le début des travaux que lorsque la toundra est à nouveau gelée. Une contrainte qu’un autre entrepreneur, également cité par la radio NPR Brian Shumaker, a transformée en opportunité: en enfouissant des capteurs de températures sous le pergélisol, et en envoyant à ses clients ses données par satellites, il leur permet, espère-t-il, d’étirer au maximum leur saison de forages.
Les changements climatiques? Pas vraiment une préoccupation, dit-il. « Je ne débats pas de ce qui va arriver. Que pouvons-nous y faire? »
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