Alors que la région de Charlevoix doit accueillir les dirigeants du G7 dans le cadre d’un sommet prévu les 8 et 9 juin, il est permis de douter que Justin Trudeau, Donald Trump et leurs collègues du Royaume-Uni, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne et du Japon sauront que leur rencontre aura lieu là où un gigantesque météorite a profondément transformé le territoire québécois, il y a 400 millions d’années.
Ce lieu, c’est un cratère d’environ 56 kilomètres de diamètre qui a lourdement façonné le paysage de cette région située sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Montagnes, crêtes, mais aussi vallées profondes… Comme l’explique Louisiane Gauthier, vice-présidente du conseil d’administration de l’Observatoire de la Géosphère de Charlevoix, le cratère laissé à la suite de la titanesque collision entre la Terre et l’astéroïde est « complexe ».
Complexe, parce que plutôt que de laisser derrière lui un cratère typique, soit une cuvette plus ou moins vaste entourée de parois surélevées – évocatrices du sol brusquement rejeté sur les côtés sous la force de l’impact -, ce cratère découle plutôt de ce qui pourrait être caractérisé par une « remontée » d’un pilier central, là où a eu lieu l’impact initial.
Sous l’effet de l’écrasement du monstre venu de l’espace, donc, le sol de Charlevoix s’est transformé pour devenir les terres escarpées que l’on connaît aujourd’hui. Et encore, nous n’en voyons qu’une partie, puisqu’environ la moitié des terres affectées se retrouvent sous le lit du Saint-Laurent. Après tout, indique Mme Gauthier, depuis l’impact, il y a 400 millions d’années, quatre ères glaciaires sont venues remodeler le paysage, en laissant toutefois d’importantes traces de la catastrophe.
« C’est un astroblème – « une blessure laissée par l’astre » – complexe dont les caractéristiques sont parmi les mieux conservées au monde », explique avec enthousiasme Mme Gauthier en entrevue.
En compagnie de ses collègues, Mme Gauthier espère profiter de la visibilité accordée à la région dans le cadre du sommet du G7 pour faire connaître l’importance de Charlevoix en matière de caractéristiques biologiques, géographiques et géologiques, tous des aspects qui rendent l’endroit unique.
« Charlevoix est une zone riche: il y a trois provinces géographiques dans un petit territoire. Il y a le Bouclier canadien, les basses terres du Saint-Laurent, ainsi que les Appalaches… »
L’équipe dont fait partie Mme Gauthier souhaite d’ailleurs faire classer la région comme géoparc: « C’est toute une communauté qui, commercialement, prend possession du territoire; c’est une signature géographique qui est mise en évidence par les hôteliers, les restaurants, les musées. Le géoparc comprend tout ce qui témoigne de sa richesse scientifique et culturelle. C’est une destination pour le tourisme d’apprentissage. »
Des démarches en vue de cette désignation ont été entreprises auprès de l’UNESCO
En attente de Québec
L’Observatoire de la Géosphère de la Charlevoix dit s’être donné deux buts pour lesquels un appui financier de Québec s’avérerait nécessaire.
D’abord, l’organisation souhaite faire construire un pavillon scientifique sur le territoire, le pavillon Hubert Reeves. Ensuite, la promotion d’un géoparc dans Charlevoix.
Ces deux gestes ont aussi pour objectif de susciter des vocations scientifiques, précise Mme Gauthier. « Il faut rendre les gens conscients de la richesse dont ils disposent. »
Par la bande, Louisiane Gauthier croit que la multiplication des carrières dans le domaine scientifique, en lien avec l’astroblème de Charlevoix, permettra de mieux lutter contre les changements climatiques. Car ce cratère complexe, ce n’est pas seulement un ensemble de profondes modifications géologiques à la suite de l’écrasement d’un astéroïde, mais aussi un territoire dont certains aspects, qu’il s’agisse de sa faune, de sa flore ou encore de ses berges cédant peu à peu sous les inlassables coups de boutoir des éléments, sont menacés par les transformations provoquées par l’activité humaine.
Voilà donc le message que Mme Gauthier souhaiterait faire passer aux dirigeants du G7, et probablement surtout au climatosceptique Donald Trump: que l’étude de la science de la nature sous diverses formes, encouragée par des phénomènes aussi extrêmes que le 11e plus important impact météorologique de l’histoire, permet de mieux comprendre les principes qui sous-tendent l’existence de la vie sur notre planète.
Et à mesure que les mystères naturels seront résolus, il ne sera que plus facile d’assurer la pérennité de la Terre et de la vie qu’elle abrite. À condition, bien sûr, d’agir rapidement.
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