En Arizona, un comité du ministère de l’Éducation propose de retirer du programme des écoles secondaires toute référence à l’évolution, sinon comme une simple « théorie ». Un appel aux commentaires du public, comme c’est l’usage en pareil cas, a généré une telle contre-attaque que le serveur informatique du ministère a « planté ».
C’est surtout le mot « évolution » qui semble faire tiquer la surintendante de l’instruction publique, de qui relève ce comité: par exemple, on remplacerait l’idée que les étudiants aient à comprendre « comment l’adaptation contribue au processus de l’évolution biologique » par « comment les traits à l’intérieur d’une population changent au fil du temps ». Ailleurs, on veut remplacer « évolution » par « diversité biologique ». Et on veut aussi éliminer les références au Big Bang.
Selon le quotidien Arizona Daily Star, la majorité des commentaires enregistrés avant le problème informatique étaient défavorables à ces changements, plusieurs accusant les membres du comité de vouloir imposer un « ordre du jour religieux ». Des groupes nationaux d’enseignants, comme le National Center for Science Education, un habitué de ces batailles contre les créationnistes, s’en sont mêlés — bien qu’aux États-Unis, l’éducation soit la prérogative de chaque État.
Interrogée par les médias locaux, la superintendante, Diane Douglas, a assuré que ses « croyances personnelles », comme la croyance dans la création biblique, n’influençaient aucunement ces changements. « Ce que nous savons est vrai et ce que nous croyons pourrait être vrai, mais n’est pas prouvé, et telle est la réalité. »
À cause de cette prérogative locale, ce n’est pas la première fois qu’un des 50 États des États-Unis mène un tel combat. Au gré des élections locales — et de l’élection d’un comité plus conservateur —, plusieurs États ont vu surgir de telles propositions de réécritures des manuels scolaires afin d’y présenter « évolution » et « dessein intelligent » comme deux théories de valeur égale. Et parfois, ils réussissent: au Tennessee en 2012, le gouverneur a approuvé l’adoption d’une nouvelle loi, approuvée par les deux chambres (contrôlées par les républicains) qui autorise les professeurs des écoles publiques à enseigner les « alternatives » à la « théorie de l’évolution ». Quant à la Louisiane, elle vit avec une telle loi depuis 2008: chaque année depuis, les opposants demandent que la loi soit révoquée, en vain jusqu’ici. Lors des audiences publiques de 2013, un des politiciens locaux avait demandé le plus sérieusement du monde à ces opposants s’ils croyaient que la bactérie E. coli pouvait évoluer pour devenir un humain.
Le comité d’État de l’Éducation de l’Arizona doit voter sur ces modifications à l’automne.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/05/09/du-genie-et-des-femmes/
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