Dans un monde où le cinéma est largement dominé par les superhéros portant capes et collants, le réalisateur Clint Eastwood rend hommage à trois héros ordinaires, mais bien réels, avec le film The 15:17 to Paris.
L’histoire est encore bien fraîche dans nos mémoires. Le 21 août 2015, dans le train reliant Amsterdam à Paris, Ayoub El Khazzani, un Marocain de 26 ans, sort des toilettes armé d’un fusil d’assaut et d’un pistolet automatique. Après avoir fait feu sur un premier passager qui tentait de le stopper, sa Kalachnikov s’enraye. Saisissant le moment, trois Américains en vacances foncent tête première sur le terroriste, le désarment et le maîtrisent, prévenant ainsi un attentat qui aurait pu avoir des conséquences particulièrement funestes. Bien qu’on ne puisse en nier la bravoure, ce geste est-il suffisant pour alimenter un long-métrage complet?
Vous vous demandez peut-être comment Clint Eastwood a pu tirer un film d’une heure et demie à partir d’un événement qui n’a duré dans les faits que quelques minutes au total? Une large partie du scénario de The 15:17 to Paris relate la façon dont les trois jeunes hommes, Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler, se sont liés d’amitié à l’âge de huit ans après avoir été envoyés chez le directeur de leur école. Le long-métrage dépeint leur éducation catholique, l’entraînement militaire de deux d’entre eux, puis leurs vacances en Europe, qui se termineront par leur intervention dans le train Thalys numéro 9364 ce fatidique jour d’août.
Bien sûr, on retrouve des comédiens dans The 15:17 to Paris (parmi lesquels Judy Greer, Tony Hale, ou P.J. Byrne) mais la grande particularité du long-métrage est de mettre en vedette les vrais protagonistes de l’histoire (à l’exception du terroriste qui, pour des raisons évidentes, est interprété par l’acteur Ray Corasani). Les trois jeunes héros, soit Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler, jouent leur propre rôle, tout comme la victime atteinte d’un projectile, Mark Moogalian, ainsi que son épouse, Isabelle. S’ils font tous preuve de naturel devant la caméra, leurs performances ne se comparent évidemment pas à celles de professionnels.
En plus de sa prolifique carrière d’acteur, Clint Eastwood a également fait ses preuves comme cinéaste à travers les années, et sa réalisation dans The 15:17 to Paris est irréprochable. Il tire profit des nombreux pays d’Europe où il a tourné pour produire de magnifiques images de Venise ou d’Amsterdam. Comme si le film n’était pas déjà assez patriotique, Eastwood sent le besoin d’insérer des drapeaux américains à tout bout de champ dans le montage. Il termine le long-métrage avec les vraies images de la cérémonie au cours de laquelle le Président français François Hollande a remis la Légion d’honneur aux trois Américains.
Disponible en édition Combo Pack, le coffret The 15:17 to Paris inclut le long-métrage sur disques Blu-ray et DVD, et s’assortit d’un code pour télécharger une copie numérique. Une première revuette d’une dizaine de minutes présente le témoignage des cinq participants du film ayant vécu les événements. Dans la seconde revuette, les producteurs expliquent les raisons ayant poussé Clint Eastwood à réaliser ce long-métrage, et surtout, à utiliser les vraies personnes plutôt que des acteurs, comme c’est le cas traditionnellement pour ce genre de drame biographique.
Engager les vrais protagonistes pour raconter leur histoire constitue une approche cinématographique plutôt inusitée, mais malgré toutes les bonnes intentions et le talent de Clint Eastwood, The 15:17 to Paris ne réussit malheureusement jamais à dépasser le simple fait divers.
6/10
The 15:17 to Paris
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Dorothy Blyskal (d’après le livre de Jeffrey E. Stern, Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone)
Avec : Ray Corasani, Alek Skarlatos, Anthony Sadler, Spencer Stone, Judy Greer et P.J. Byrne
Durée : 94 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray + DVD + copie numérique)
Langue : Anglais, français, espagnol et portugais
3 commentaires
Pingback: Critique The 15:17 to Paris - Patrick Robert
Pingback: Game Night: jeu de société
Pingback: The Mule: pépé chez les trafiquants de drogue - pieuvre.ca