Les poursuites en justice contre les compagnies pétrolières pour leur responsabilité dans les changements climatiques semblent en voie de se multiplier aux États-Unis. Elles reposent sur les impacts environnementaux et les factures qu’ils entraîneront, mais une chercheure suggère que ces poursuites devraient plutôt cibler les impacts sur la santé.
« Ces poursuites en justice ne parlent pas explicitement de santé, mais si elles le faisaient, elles auraient une assise plus solide », écrit Sabrina McCormick, professeure de santé publique à l’Université George Washington dans une étude publiée le 26 avril.
Intitulée The Role of Health in Climate Litigation (Le rôle de la santé dans les litiges climatiques), l’étude passe en revue près de 900 poursuites intentées dans une localité ou une région entre 1990 et 2016, et qui avaient ciblé, entre autres, des centrales au charbon.
La logique derrière les poursuites plus globales intentées jusqu’ici — par exemple, par un groupe de 21 jeunes de l’Oregon ou par la ville de New York — est d’invoquer les « dommages à la propriété » — terrains côtiers inondés, routes déplacées, etc. — qui seront imputables aux compagnies ayant trop longtemps nié les risques inhérents à une aussi grande quantité de gaz à effet de serre. Mais pour McCormick et ses cinq collègues, les « dommages sur la santé » seraient encore plus susceptibles d’être pris en compte par les tribunaux: bien que seulement 16% des 900 poursuites aient pointé la santé, ceux qui l’ont fait auraient renforcé leur cause. Un risque de santé publique permettrait de construire devant le juge un « récit plus puissant », écrivent les chercheurs, une base plus solide pour réclamer des dédommagements.
En d’autres termes, les tribunaux ne sont pas différents de la population en général: de nombreuses études ont démontré que le public se sent davantage concerné par les changements climatiques lorsqu’on lui en parle comme d’un problème imminent de santé publique plutôt que d’un problème environnemental imminent.
Les problèmes de santé dont on parle sont ceux à court terme (asthme, bronchite, maladies cardiaques) et à long terme (des températures plus élevées accroissent les risques de maladies liées au smog et élargissent le territoire de maladies infectieuses).
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Pour réduire l’asthme, il faut réduire la pollution, pas le trafic