À la Résidence des Cèdres, le peintre Karl Lemay, atteint d’Alzheimer, voit peu à peu ses capacités cognitives s’étioler, une situation à laquelle son ami Ludger Sirois, ancien policier, ne peut hélas rien changer. Témoin d’un meurtre, cette homme en perte d’autonomie pourra-t-il aider l’enquêtrice Maud Graham dans Vrai ou faux, plus récent roman de Chrystine Brouillet?
Dans cet ouvrage paru aux Éditions Druide, Mme Graham doit ainsi résoudre le meurtre de Lydia Francoeur, étranglée par Serge Larocque, le directeur de la résidence pour personnes âgées où travaillait Mme Francoeur. Crime passionnel, certes, mais crime tout de même, et dont le seul témoin est ainsi M. Lemay. Le problème, c’est que cet événement traumatisant est bien involontairement occulté par l’esprit de cet homme.
Alors que l’enquête piétine et que le tueur estime avoir fait disparaître toutes les traces permettant de l’identifier comme étant le coupable, la police et Ludger Sirois, ami de longue date et voisin de M. Lemay à la Résidence des Cèdres, sont confrontés aux ravages du temps.
Il est rare que la question de la vieillesse et des problèmes cognitifs soit abordée dans la littérature, et plus encore dans la littérature policière. Pourtant, avec le vieillissement de la population et la multiplication des cas de problèmes cognitifs, voire de maladie comme l’Alzheimer, quoi de plus normal que de jeter un éclairage sur cette réalité à laquelle sont confrontés bon nombre de proches et de membres du personnel soignant et des professionnels des résidences pour personnes âgées?
S’il faut donc saluer la volonté de l’auteure de s’aventurer sur ces terres rarement explorées, force est d’admettre que le récit laisse un peu le lecteur sur sa faim. Peut-être est-ce lié au fait que les preuves fournies par une personne atteinte d’Alzheimer ne pourraient jamais vraiment être présentées devant un juge dans le cadre d’un procès, ou que le long historique de M. Lemay, bien établi et détaillé par Mme Brouillet, n’est au final d’aucune utilité à l’histoire?
Ou peut-être est-ce plutôt cette frustration face à l’effritement de la mémoire, conséquence directe de la maladie dont est atteint le témoin des sinistres événements, qui dérange un peu trop, rappel bien volontaire de l’inéluctabilité de l’existence?
Quoi qu’il en soit, Vrai ou faux semble avoir été un peu grossièrement ficelé. Tout n’est pas à jeter, bien entendu, mais il semble malgré tout que l’oeuvre soit inachevée.