Dans le désert, un rocher n’est pas comme les autres: c’est un faux. Et c’est dans le but de retrouver ledit rocher artificiel que le réalisateur Pierre Bismuth tournera Where Is Rocky II, un film complètement déjanté présenté dans le cadre du Festival international du film sur l’art (FIFA).
Ce Rocky II, ce serait l’oeuvre de l’artiste visuel Ed Ruscha, qui l’aurait créée à la fin des années 1970 dans le cadre d’un projet cinématographique. Depuis, pourtant, c’est le mystère. Nul ne semble savoir où se trouve la sculpture, pas même son créateur. Mais est-ce vraiment le cas?
Quoi qu’il en soit, Bismuth lance un détective privé aux trousses de l’objet inanimé. Il faut voir cet homme, ancien policier, se mettre à sourciller lorsqu’il apprend qu’il doit retrouver un faux rocher caché parmi de véritables formations géologiques. Qu’à cela ne tienne, notre héros malgré lui remonte lentement la piste de Rocky II, interroge des galeristes, parle à des gens qui ont travaillé avec Ruscha à l’époque.
Tout cela pourrait fonctionner dans le cadre d’un documentaire typique, sauf que Bismuth semble prendre plusieurs libertés qui font douter de la véracité de la démarche; les angles de caméra sont trop parfaits, les équipes de tournage sont presque toujours là en avance sur le détective, certaines remarques sont captées alors qu’elles ne le seraient pas dans un contexte normal…
Pierre Bismuth, scénariste d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind, a-t-il décidé de s’amuser avec les cinéphiles? La démarche est franchement intéressante, soit, mais s’agit-il vraiment d’un film sur l’art de la sculpture, ou plutôt d’un film sur l’art en général? Nul ne le sait.
Pire (ou mieux) encore, on ajoute une couche de folie en superposant un véritable film d’action et de suspense au « faux » documentaire. Dans le cadre de cette nouvelle oeuvre, deux scénaristes embauchés par Bismuth réécrivent à leur manière l’histoire de Rocky II, en inventant les circonstances ayant mené à la création et à la (re)découverte de l’oeuvre, des années plus tard.
À la fois fascinant pour sa découverte par la bande au monde de l’art et pour sa déclinaison déjantée du processus de création hollywoodien, Where Is Rocky II est un film à part, une oeuvre qui semble rebuter au premier abord, mais qui se transforme rapidement en quelque chose d’accrocheur, de franchement différent… et de carrément jouissif.
Un bijou qui n’entre dans aucune case, certes, mais un bijou malgré tout.
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