Dans un monde où nous sommes beaucoup trop accro à nos émissions favorites et où nous rêvons de nous marier avec notre personnage préféré, cette pièce devrait tomber à point. Pourtant, elle donne l’effet d’un pétard mouillé.
C’est enfin arrivé: l’épisode final de la dernière saison de Philadelphia High School! Que va-t-il se passer dans cette émission dérivant des One Tree Hill et The OC de ce monde? Et si la fin ne faisait pas le bonheur des fans et qu’ils décidaient de prendre les choses en main afin de créer eux-mêmes un aboutissement digne de ce nom? Et si les lignes entre la réalité et la fiction s’effaçaient totalement? PHS! PHS! PHS!, scanderont-ils en chœur.
La proposition semble attrayante et pique la curiosité. Qu’est-ce qui pourrait bien être exploité dans l’amour démesuré que nous portons pour nos précieuses séries télévisées?
La réponse est un tant soit peu décevante. Ce qui aurait pu être une satire tranchante sur le star-système s’est avéré être un cabotinage d’une heure trente, avec des vampires. Ayant déjà fait ses preuves avec la co-écriture de Starshit, présenté en avril 2016 au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, je m’attendais à beaucoup plus du jeune auteur Jonathan Caron et de sa distribution d’acteurs de la relève. Pourtant, chacun est loin d’en être à sa première production; venant tous d’une école de théâtre, ayant déjà foulé les planches professionnellement, il est étonnant que certains aient des problèmes de projection, de prononciation et d’articulation, comme c’était le cas dans la pièce. Ont-ils été mal dirigés ou est-ce dû au stress et à l’inexpérience? Le jeu grotesque inégal et les accrochages de texte déçoivent, encore plus venant d’une nouvelle troupe qui a tout intérêt à faire ses preuves.
Qui devons-nous accuser lorsque chaque élément fonctionne, mais pas ensemble? Le texte, déjà parodique et intense, aurait mieux bénéficié d’un jeu réaliste, afin de mettre de l’avant le propos, au détriment du jeu parodique proposé. J’en conclus par force d’observation que, lorsque tous les éléments d’une représentation sont sublimés à la puissance 10, ils s’annulent. Lorsque tout est trop, cela ne veut plus rien dire. Le message de la pièce se perd dans des fioritures inutiles. Cet amalgame d’intensité supprime toute subtilité et fait perdre le côté dénonciateur de la pièce, qui était pourtant bien présent dans Starshit, par exemple. Cette exploration sur le fanatisme se voit dépassée par la conception sonore trop forte et la mise en scène.
Le résultat final manque de finition et donne l’impression d’assister à un produit non abouti. Le thème aurait gagné à être approfondi, car une critique sur les idoles et se donner corps et âme à quelque chose de fictionnel, jusqu’à s’oublier totalement, est un sujet riche en soi. L’angle qui a été choisi pour l’aborder l’est un peu moins.
Vous pouvez voir Philadelphia High School à la salle Fred Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 31 mars.
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