La chance sourit à Marianne Dansereau. De la chance, vraiment? Et s’il s’agissait plutôt de talent? Après tout, la jeune dramaturge présente ces jours-ci Hamster sur les planches du Théâtre La Licorne – pièce donnée à guichets fermés, qui plus est. Rencontre avec celle qui en a beaucoup à dire.
Si la chance semble sourire à Mme Dansereau, en fait, c’est qu’Hamster est jouée quelques mois seulement après qu’une autre de ses oeuvres, Savoir compter, eut été montée sur les planches du Théâtre d’Aujourd’hui. La récipiendaire de l’édition 2015 du Prix Gratien-Gélinas a décidément le vent dans les voiles.
Plus étonnant encore est le fait que Hamster, sa première pièce, est jouée après la présentation de sa deuxième oeuvre. « C’est un peu drôle, c’était surtout une question d’horaire pour les deux théâtres; il y a eu des discussions entre ceux-ci pour éviter que les deux pièces ne soient présentées durant la même saison, par exemple », explique Mme Dansereau au bout du fil.
Hamster, c’est l’histoire de l’adolescence. Des peines d’amour. De l’ennui. Des rêves un peu fous. De l’espoir d’une vie meilleure. C’est aussi l’histoire de toutes ces transformations se produisant un peu n’importe comment dans une ville dortoir qui semble s’efforcer de se plonger elle-même dans l’anonymat.
« Je suis assez contente que les deux pièces soient présentées à l’intérieur d’une même année, parce qu’elles sont soeurs », poursuit Mme Dansereau. « Et avec le Prix Gratien-Gélinas, ça a dirigé les feux des projecteurs sur mon écriture. Je pense que ça fait un beau rayonnement. Je suis toutefois assez éloignée de Hamster et de Savoir compter, puisque cela fait cinq et deux ans, respectivement, qu’elles ont été écrites. »
Ce que l’on pourrait qualifier de « retour aux sources » a aussi permis à l’auteure dramatique d’établir des balises pour sa troisième oeuvre, actuellement en cours d’écriture. « Peut-être un peu délaisser vers la banlieue pour aller vers quelque chose d’autre. Idem pour l’époque de l’adolescence; je pense que j’y ai beaucoup travaillé, j’ai envie d’aller davantage vers les jeunes adultes, les adultes dans la mi-trentaine, mi-quarantaine… »
Mme Dansereau dit également voir chacune de ses pièces comme autant d’instantanés des époques où elles ont été écrites. « C’est comme relire son journal intime », soutient-elle.
Toujours d’actualité
Pour l’artiste, Hamster est toujours solidement ancré dans l’époque actuelle; après tout, 2013 n’est pas si loin, et ce ne sont pas les innovations technologiques survenues entre temps qui ont profondément modifié cette époque de la vie où le mal-être et les questionnements sont légion.
« Je pense que ce qui m’intéresse plus, c’est l’être humain, pas nécessairement tout ce qui divertit autour; j’aime essayer de cerner les gens. C’est une recherche sans fin, et je pense que cela explique pourquoi certaines oeuvres ne vont jamais se démoder », explique-t-elle.
Ce qui pourrait changer, toutefois, ce sont certaines références géographiques et culturelles; le texte de Hamster a déjà été monté en Outaouais, ce qui a entraîné des modifications toponymiques pour que les images de banlieue soient plus vives à l’esprit des membres du public.
Si l’occasion se présente, d’ailleurs, Marianne Dansereau serait bien favorable à ce qu’Hamster quitte de nouveau son nid montréalais et voyage un peu partout au Québec. Après tout, les thèmes qui y sont abordés sont largement universels, et il y a fort à parier que les questionnements existentiels des adolescents ne prennent pas fin une fois franchies les limites des couronnes nord et sud de la métropole!
Hamster, au Théâtre La Licorne, du 6 au 24 mars.
Un texte de Marianne Dansereau et une mise en scène de Jean-Simon Traversy.
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