Montréal n’est plus. En fait, la planète n’est plus, tout simplement. Plongés dans un hiver éternel, les quelques survivants de ce qui était autrefois le Québec tentent de survivre dans un monde glacé où se mêlent instincts de survie et mystérieux pouvoirs fantaisistes.
Cet univers, c’est celui d’Hivernages, roman de Maude Deschênes-Pradet, paru aux éditions XYZ. Et pour être tout à fait honnête, ce journaliste a éprouvé quelques difficultés à s’imprégner de ce monde figé dans les glaces. Peut-être parce que l’auteure, justement, délaisse les codes traditionnels de la science-fiction, et particulièrement ceux de la science-fiction post-apocalyptique, pour se concentrer sur l’humain, sur l’émotif, plutôt que sur le cérébral.
Pas question, donc, de créer ici un monde « froid » – sans jeu de mots -, où il serait question de machines, de vastes conflits, ou encore de courants politiques. Il est plutôt question d’individus, souvent largement éloignés les uns des autres, qui doivent tous, à leur façon affronter un univers intérieur et extérieur qui ne veut plus d’eux.
Il y a entre autres ce vieux, réfugié dans les combles de son appartement depuis 30 ans, qui attendait tranquillement la mort, coupé de tout. Le voilà qui ressort, affamé, au bout de ses provisions, et qui découvre que la civilisation a disparu.
Il y a aussi les gens de Ville-Réal, réfugiés dans les souterrains de l’ancienne métropole montréalaise. Vivant en autarcie, ces survivants se sont eux aussi coupés du monde extérieur. Tout y est contrôlé, réglementé, sur-surveillé. Ceux qui dérogent aux règlements sont passibles d’exil – et donc de mort.
Roman de contrastes, roman d’aventures fantastiques dans un monde où l’hiver prend des allures de royaume mystérieux où vivent d’étranges créatures, Hivernages réussit, alors même que l’hiver tente un timide retour sur Montréal, à nous transporter dans une contrée lointaine sans nous faire bouger plus que nécessaire.
Au diable la science-fiction pure et dure, cet ouvrage exploratoire de Maude Deschênes-Pradet permet de s’évader et de rêver, tout en se disant qu’il serait peut-être temps d’aller enfiler une petite laine…
Hivernages, de Maude Deschênes-Pradet, publié aux éditions XYZ; 176 pages.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/02/22/mort-a-florence-une-enquete-a-litalienne/