Au Canada, bien des gens déplorent la vitesse à laquelle le gouvernement semble vouloir procéder à la légalisation de la marijuana. Si aux Pays-Bas reconnus pour ses «coffee shop», le Syndicat national des policiers craint le pire, les pharmacies de l’Uruguay où la marijuana a été légalisée en 2013 subissent des pressions économiques.
«La Hollande présente plusieurs signes de narcoétat. Les petits délinquants de la drogue se transforment en de riches entrepreneurs de l’hôtellerie, du marché de l’immobilier et récréatif. Le trafic de stupéfiants prolifère. Avec les effectifs dont les policiers disposent actuellement moins d’un criminel sur dix, lié à la drogue, peut être arrêté», stipule un communiqué du Syndicat national des policiers qui a mené à la tenue d’un congrès mardi dernier, rapporte El Pais le 20 février. Préférant ne pas employer le terme «narcoétat» du syndicat, un des chefs de police d’Amsterdam Pieter-Jaap Aalbersberg a confirmé l’information à la télévision publique. «Au niveau du marché de la drogue, il y a un blocage et la police n’a pas la capacité d’aborder le crime organisé international», a-t-il déclaré.
À cela, s’ajoute une étude à propos des problèmes du service d’enquête policière hollandaise datant de 2016. Ses membres se sentent «abandonnés» et demandent l’embauche de 2000 nouveaux collègues. Au même moment, la société hollandaise a été choquée par la mort d’un adolescent d’origine marocaine à Amsterdam, en janvier. Mohamed Bouchikhi a été tiré «par erreur» dans un atelier pour mineurs. Les tireurs cherchaient un autre jeune. Ils ont réussi à fuir dans la nuit et sont toujours recherchés. Les policiers présument qu’il s’agit d’un règlement de comptes entre cartels, alors que la victime était innocente.
«Seulement un cas sur cinq non liés à la drogue peut être résolu parce que nous sommes occupés avec les règlements de comptes, les vols et les délits violents», stipule le communiqué soumis au Ministère de la Justice au moment de renégocier la convention collective.
Crise politique
Sous la présidence de l’ex-guérillero José Mujica, l’Uruguay a légalisé la marijuana en 2013 afin de contrer le narcotrafic en Amérique latine et la guerre contre la drogue, tout aussi ravageuse pour ces sociétés. Une étude de la Fondation Friedrich Ebert de l’Uruguay menée au mois de mai 2015 démontre que 39% des consommateurs optent pour les fleurs des plantes issues de cultures légales, ce qui fait stagner le marché noir, rapporte El Pais le 21 octobre 2015.
Le gouvernement uruguayen a sélectionné 5 des 22 compagnies qui ont soumis un dossier afin d’obtenir un permis de 5 ans pour cultiver de la marijuana à grande échelle à condition qu’elles produisent plus d’une tonne par année. Cependant, la légalisation concerne davantage la culture à petite échelle, limitée à six plantes par domicile, en vue de la vente en pharmacie. Plus de 13 000 personnes qui dépendent de cette plante médicinale sont inscrites au registre, d’après El Pais du 1er septembre 2017.
Étrangement, des banques comme Santander, Itaú, Bank of America et Citibank ont fait des pressions économiques sur la quinzaine de pharmacies impliquées dans le processus. Selon la législation états-unienne, gérer de l’argent en provenance de la marijuana est illégal et porte atteinte aux mesures pour contrôler le blanchiment d’argent et les actes terroristes. Une loi qui nuit au recul de la vente de marijuana illégale provenant en partie des pays environnants, ainsi qu’à la qualité du produit.
Aux États-Unis, la législation au sujet de la criminalisation de la production et de la consommation de marijuana varie d’un État à l’autre. Tenant compte du rapport singulier que ce pays entretient avec la sécurité et la défense, les gouvernements des provinces canadiennes ont plus d’affinités avec ceux du Pays-Bas et de l’Uruguay afin de préparer la légalisation de la marijuana d’un océan à l’autre.
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