Trois ans: voilà trois ans que les amateurs de musique électronique attendaient avec impatience un nouvel album de la part de Carpenter Brut, un artiste français qui s’est rapidement imposé comme une référence en matière de rythmes effrénés, de claviers aux sonorités délicieusement sinistres et aux thématiques mélangeant habituellement anticipation et années 1980.
Oh, bien sûr, il y a eu quelques nouvelles pièces, ici et là, y compris une collaboration à la bande sonore du jeu vidéo Furi, ou encore un morceau pour l’anthologie Rise of the Synths, sur l’émergence de la musique électronique, mais rien, bref, de très concret depuis que les trois premiers microsillons ont été fusionnés pour former l’excellent album Trilogy.
Après trois ans de tournées, après – surtout! – que Carpenter Brut soit à son tour devenu source d’inspiration pour d’autres artistes, après l’annonce d’un projet de financement pour monter un opéra rock reprenant le style du déjanté vidéoclip de la tout aussi déjantée pièce Turbo Killer, ce journaliste s’est précipité sur Bandcamp à l’annonce de la sortie du nouveau disque, jeudi.
On savait d’ailleurs que Carpenter Brut travaillait sur du nouveau matériel, mais la bande-annonce de ce nouveau disque, avec environ une seconde et demie d’extrait, n’a certainement pas permis de se faire une tête quant au contenu du nouvel album.
Voilà donc que déboule ce Leather Teeth, presque un « mini-album » avec ses huit pièces. Carpenter Brut serait-il revenu à sa méthode consistant à publier des albums plus complets en séquence?
Quoi qu’il en soit, Leather Teeth sera décevant pour ceux qui s’attendaient à ce que l’artiste fasse passer l’intensité de sa musique à « 11 », pour évoquer le film Spinal Tap. D’aucuns pourront arguer que l’intensité de Trilogy était déjà maximale, et qu’il aurait été difficile de faire mieux.
Les amateurs peuvent toutefois se rassurer: Leather Teeth n’est pas un mauvais album, bien au contraire. Simplement, si ce nouveau disque comporte son lot de moments forts, il ne révolutionnera certainement pas le genre. On y trouve ainsi quantité d’allusions musicales à Trilogy, mais aussi des thèmes musicaux et des méthodes qui apparaissent au sein de l’oeuvre de quantité d’autres artistes similaires.
Carpenter Brut profitera certainement de sa notoriété pour éclipser des noms moins connus et ainsi assurer une bonne distribution à ce nouveau disque, mais après la révolution Trilogy, après la tornade musicale qu’étaient Le Perv, Roller Mobster, Wake Up The President, Hang’em All, Sexkiller on the Loose, Turbo Killer ou encore Anarchy Road, le mélomane restera malheureusement un peu sur sa faim. Surtout – surtout! – avec les pièces chantées. On ignore qui a effectué le tri des candidats intéressés à prêter leur voix à l’artiste, mais disons que le résultat est douteux.
Vendu à une quinzaine de dollars sur Bandcamp, Leather Teeth est probablement réservé aux amateurs purs et durs. Pour les autres, mieux vaut attendre une baisse des prix, ou se tourner vers des services d’écoute en ligne.
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