L’orchestre baroque Arion a une nouvelle amie en la personne d’Amandine Beyer. En effet, pour le troisième concert de la série montréalaise de l’orchestre, Claire Guimond, la directrice artistique a invité la violoniste et professeure française Amandine Beyer qui restera certainement dans la mémoire des habitués d’Arion. La chef invitée Beyer est non seulement sympathique, férue d’histoire de la musique et virtuose, mais elle est avant tout une véritable interprète.
Donné à la Salle Bourgie, comme à l’habitude, Teatro alla moda nous raconte une petite page d’histoire de la musique, celle d’un compositeur bien de son temps, Benedetto Marcello, qui s’est complu dans la critique de la mode opératique de son époque. Tout en composant comme ses semblables, il a remis en question, de façon tout à fait ironique, les préceptes qui prévalaient alors pour la composition de tout opéra. Autour de cette anecdote, Mme Guimond a composé un programme des plus inusités avec des compositeurs pas très connus ou des œuvres peu jouées de compositeurs connus.
Au programme, en plus de Benedetto Marcello, son frère Allessandro, Evaristo Felice Dall’abaco, Francesco Maria Veracini, Tomaso Giovanni Albinoni, Pietro Locatelli, Domenico Gallo, et, incontournable à cette époque dans la Sérénissime, Antonio Vivaldi.
L’allegro de la première œuvre a pu donner l’impression que l’ensemble démarrait un peu lentement, avec un léger manque d’unité. Il faut bien trouver un défaut à cette soirée. Mais, dès la chaconne de Dall’abaco, tout s’est remis en place et, pas plus tard que lors du dernier allegro de la première œuvre, l’enthousiasme était palpable dans la salle.
Les moments les plus forts de la soirée sont au nombre de quatre. En premier lieu, l’adagio d’Albinoni, op. 10, no 5. C’est alors que Beyer a donné une classe de maître ayant pour sujet: comment faire pleurer un violon! Quelques minutes plus tard, elle a aussi montré qu’un violon pouvait faire des excès de vitesses et les violoncellistes ont montré qu’elles n’étaient pas en reste, dans le mouvement indiqué prestissimo de l’op.1, no 9 de Marcello. Troisièmement, dans l’œuvre de l’autre Marcello, un magnifique dialogue des flûtes entre Guimond et Raine-Wright. Enfin, sans surprise, chacun des mouvements du concerto pour violon, cordes et basse continue en mi mineur, RV 278, de Vivaldi. Une très belle œuvre, plus sérieuse ou plus sombre que d’autres concertos du maître, mais qui été très bien rendue par l’orchestre et par la souriante et très habile Amandine Beyer.
Arion a l’habitude d’être fidèle à ses amis. Espérons qu’il fera encore de même pour Mme Beyer.
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